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Pas de chronologie dans mon récit de cette fois.

D’une part, cela n’aurait pas de sens au vu de l’expérience vécue. Elle n’a pas été une succession d’évènements en actes distincts, mais une expérience entière presque à huit clos que l’on consomme d’une bouchée seule.

D’autre part, j’en suis incapable. Mes souvenirs ne s’attachent pas à des moments, ils ne sont ni temporels, ni géographiques. Ils sont une masse copieuse qui va me prendre un peu de temps à digérer et à exploiter pour le futur.

L’ensemble de ma course.. enfin ce que j’ai pu en ressortir avec le peu de recul que j’ai pour l’instant.. Tout peut se résumer avec cette petite histoire : « Deux petites souris tombent dans un pot de crème. La première, paniquée, écrasée par le poids de l’épreuve à affronter renonce rapidement et se laisse noyer. La deuxième, qui a décidé fermement que son jour n’est pas arrivé, se débat tant et tant qu’elle finit par transformer la crème en beurre et s’en sort ». Je suis cette deuxième souris.

 

1 – Avant un Ultra, tout est en apesanteur. 

13h. @ Parc François Mitterrand à Seyssins. Pas de traversée de Grenoble bitumeuse cette année. Le plan vigipirate écarlate a décidé de préserver nos crampons pour les massifs.

J’y arrive 3 h avant le départ. Je dépose les sacs d’assistance et m’allonge dans l’herbe. Je tente de dormir un peu. Quelques fourmis m’en empêchent. Je pratique sans le vouloir mon exercice de respiration que j’ai pris l’habitude de faire avant les courses (inspiration & expiration lente par le nez). Je suis très détendu. Aucun stress. Aucune sensation qu’il va se passer quelque chose d’énorme pour moi dans les dizaines d’heures à venir.

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La ligne de départ est quelques mètres plus bas dans le champ. Les coureurs sont tous allongés dans l’herbe en surplomb. Il règne ici un état de pesanteur rare. Les corps semblent flotter au dessus de leurs chaussures. Les lois de gravité ne semblent pas s’appliquer sur nous.

Les mouvements sont lents mais méthodiques. On ne remplit pas sa flasque comme on le ferait avant de partir à l’entraînement, dans un éclat d’eau arrosant les alentours du robinet. On prend garde à ne pas faire tomber une goutte sur le bord. On a presque le doigt qui vient essuyer la dernière goutte d’un coup de pouce en revers.

Les discussions sont simples, mais pleines de bon sens. « Comment te sens-tu ? Qu’est-ce qui te fait le plus peur ? As-tu déjà réfléchi à ta gestion du sommeil ? ». En réalité nous ne nous posons pas réellement de questions les uns les autres. Nous ouvrons chacune de nos phrases par un « Moi je… ». « Moi, je suis plutôt reposé. Moi, ce qui me fait le plus peur c’est la longueur des montées et des descentes. Moi, j’espère ne pas m’arrêter dormir ». Exprimer sa vision, sa sensation permet à l’autre d’en faire de même par la suite. Tout en gardant une base de comparaison à laquelle se rattacher. Triste être limité que nous sommes. Heureusement, il y a parmi les coureurs ceux qui arrivent à rire, à sourire. Et je ne parle pas de ceux qui le font faussement.. Pour évacuer la tension. Je parle de ceux qui te sortent la vanne magique.. placée au bon moment.. dans la bonne cadence.. avec le bon angle.. assez forte pour que tous l’entendent. Vous en rapporter quelques unes serait hors-contexte et tomberait à l’eau maintenant. Mais je suis sûr que vous pouvez imaginer le genre de remarques vives d’esprit dont je veux parler. Je n’ai pas encore assez de détachement pour jouer le rôle de ce faiseur de magie, mais merci à ceux qui l’ont fait sur le moment. Leurs sursauts a plané dans l’air et nous a permis à tous de sortir de notre conditionnement (ultra) dans lequel nous étions plongés.

Mon ami Christophe m’a rejoint. Nous discutons très sérieusement. Nous ne tentons pas de nous épater l’un l’autre. C’est agréable. Un organisateur a dû nous repérer et vendre la mèche. Nous enchaînons les visites de deux journalistes. « Bonjour. Je suis journaliste pour xxxxx. Je fais un papier sur l’UT4M Xtrem, et les organisateurs m’ont indiqué de venir voir le mec assis là bas avec sa Casquette Verte. Ça vous dérange si je vous pose quelques questions ? ».

Sans narcisse aucun, je commence à m’habituer à cela. Non pas que j’en ai fait des centaines, mais je commence à sentir ce que recherche la personne en face de moi. Les mots qu’elle veut obtenir. Les sensations qu’elle veut faire passer. À moi de réussir à m’exprimer pour faire passer le message que je veux porter.

« Pourquoi je me lance dans un Ultra de 170 Km ? Par ce que je pense qu’il est essentiel d’être imprudent. On vit au quotidien enfermés dans un bureau, puis dans des villes très éloignées de notre nature animale. L’envie de faire de l’Ultra c’est l’envie de sortir de cela. C’est l’envie d’être imprudent. De sortir de son quotidien. Et physiquement, c’est un moyen de se retrouver. Seul. Face à soi même. Mais profondément seul. Sans assistance ou presque. Sans applications qui nous simplifient la vie. Sans remèdes qui nous guérissent de presque tout. Avec sa bite et son couteau. »

« Le meilleur moment pour moi ? Ça sera assurément la nuit. Quand je suis seul dans les bois ou au sommet d’une montagne. J’éteins ma lumière une poignée de secondes pour bien profiter de cet instant au milieu des ténèbres ».

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Bref. Vous l’avez compris. L’exercice est de placer des sensations en quelques phrases et espérer pour que celles qui ne soient pas reprises par la journaliste soit celles où vous avez dit une bonne grosse banalité. Et puis au pire. On s’en fout. Ce ne sont pas une dizaine de mots imprimés sur du papier qui vont altérer l’aventure que vous allez vivre. Lâche toi bonhomme.

Journalistes abreuvés. 45 min avant le départ, nous pouvons recommencer nos discussions planantes. Je suis terriblement impatient d’y être. Ce n’est pas tellement la sensation du départ que je souhaite impatiemment. C’est plutôt la sensation d’être dedans. Après 7 ou 8 h de course. Quand les deux pieds sont bien dedans et que la fatigue n’a pas encore toqué à la porte. Ces quelques heures délicieuses où tout se passe aussi bien que possible dans le meilleur des mondes. Les moments plus dures à passer me manquent aussi. C’est vrai. Je le dis moins. Mais j’aime ça. Quand c’est vraiment dur. Quand physiquement tu es au bord du gouffre, et qu’il ne tient qu’à toi d’être combattant. Encore quelques heures et j’y serai.

Un bénévole fait signe plus bas. Il est temps de se lever et d’aller dans le sas de départ. En avançant, je tente de me rappeler de ce que je me disais juste avant la Diagonale. Je m’en souviens « Mais qu’est ce que tu fous là ? Toi. Petit parisien fêtard. Tu ne sais pas dans quoi tu te lances. Tu vas peut être passer 2 jours ou même 3 jours sur les sentiers ». Je n’ai pas du tout le même ressenti cette fois. Je n’ai tout simplement pas l’impression de me jeter dans l’inconnu. Est-ce que je pars vraiment pour 170 Km Et 11.000 D+ D- ? Oui. Et bien pourquoi je n’ai pas peur ? Pourquoi je ne ressens pas ce saut dans le vide ? Tout simplement car ce n’est plus une découverte. Le goût de la nouveauté a disparu. Mais c’est un nouveau goût que je découvre, celui de l’envie de réussir. Pas simplement d’aller au bout, mais d’aller au bout le mieux possible. C’est tout nouveau pour moi cette sensation sur cette distance. Je pense que j’apprécie et que ce goût va me rester aux papilles encore pendant quelques courses.

 

2 – On m’a vu sur la ligne de départ et dans le Vercors… sauter à l’élastique.

Les affaires obligatoires ont bien été vérifiées. Je suis dans le sas de départ. Sans hésitation aucune, je pars droit en direction de la ligne de départ. C’est devenu naturel. J’y suis bien. J’ai la sensation d’être à ma place. 1 an en arrière, il ne me serait même venu à l’idée d’y passer rapidement pour prendre une photo. « Première ligne au départ d’une course.. qui plus est un Ultra.. ce n’est pas pour les gens comme nous. C’est des ovnis les mecs qui sont là bas. Des tarés de la course qui ne font que ça de leur vie. Je pense même que la plupart sont professionnelles. » Voilà, ce que j’aurai pu prononcé alors. Je pense même que je l’ai eu dit. Comme quoi. Tout change. Bien heureusement. Et d’ailleurs « Hey.. toi.. Le moi d’il y a un an. Sache que les gens devant sont vraiment des gens tout à fait comme toi. D’ailleurs tu peux venir devant. Cela ne tient qu’à toi. Il te suffit d’en avoir envie. Ce n’est pas réservé. Et au passage, aucun d’entre ceux qui sont là ne sont professionnels.. tu rencontreras simplement des êtres qui sortent du commun et de grands passionnés ».

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Quelques visages familiers sont là. Ça tape dans les mains. Ça se souhaite bonne course. L’ambiance est géniale. Je profite à fond. Je regarde un peu à droite de moi. Je repère des visages inconnus. Mais plus pour longtemps. La détermination dans les yeux, le physique affûté à l’épreuve du dénivelé.. leur visage est maintenant gravé dans mon Pokédex. Ça va partir fort je le sens. Mais je m’en fous complètement. Je sais comment moi je veux partir. Dans le trail en général, et dans mon UT4M ce n’est pas tant LA course qui m’intéresse.. c’est MA course qui m’intéresse. Je ne fais pas en fonction des autres. Bien sur, j’interagis, je partage avec les coureurs croisés, et je n’hésite pas à prendre les relais quand c’est mon moment ; mais je vis réellement les courses pour moi et pour moi seul. Très égoïstement. D’ailleurs toute ma pratique de la course est basée sur ce fondement : Je préfère m’entraîner seul. J’aime bien partir seul à l’autre bout de la France ou du monde pour une course. Et je déteste par dessus tout la fausse émulation de groupe (ambiance séminaire). Je ne pense pas que cela soit une tare. Mais je sais que des idiots me le reprocheront. Tant pis, je continuerai sans eux. TUUUUUUUUUUUUUUUUUUUT !! Le départ est donné.

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Je pars à mon rythme. Sans forcer. Au bout de quelques kilomètres, je suis dans le Top 10. Je ne force pas. Cela avance tout seul même si l’on attaque rapidement la montée. En même temps, cela fait 3 jours que je n’ai pas couru. Ça faisait des mois que je n’avais pas couru pendant 3 jours. Je vais avoir le temps de me rattraper sur les 170 prochains kilomètres.

Le premier massif c’est incroyablement bien passé pour moi. Enfin je dis incroyablement, mais en réalité cela c’est passé exactement comme je le pensais. J’étais sûr avant la course de pouvoir l’avaler assez facilement. Dans ma tête ces 40 premiers Km dans le Vercors étaient vraiment un apéritif, quelque chose avant que la vrai course ne commence. Je m’y étais conditionné. Mon cerveau savait bien que plus vite je l’aurai passé, plus vite je pourrai commencer réellement à rentrer dans mon Ultra. Je suis plutôt très satisfait. C’est la deuxième course que j’arrive à faire (Après le Mad’Trail) sans caler dans les 10 premiers kilomètres. Le travail paie.

Ce que j’en garde comme souvenir : 3 moments :

Le premier : L’arrivée au premier sommet. La vue est dégagée sur tout Grenoble, mais surtout sur l’ensemble des massifs que nous allons traverser. J’ai bien repéré la Bastille juste au dessus de l’arrivée. C’est là qu’il faut aller. Je le garde en tête.

Le second : Juste après le sommet, en redescendant par des chemins de 4×4 dans les alpages, la lumière rasante de la fin de journée soufflant dans le dos, des photographes effectuent des prises de vues aux drones. Je l’entends décoller à mon passage et me suivre sur une grosse centaine de mètres. Dans ma tête, je me dis : « Soit élégant si tu veux passer dans la video ! En fait non. Tout le monde va se dire ça. Et il y aura toujours plus élégant que ta foulée parisienne au milieu d’un Vercors si montagnard. Réfléchi.. réfléchi.. et si tu faisais une Pierre Richard ? Un bonne grosse gamelle.. Bien débile.. En se prenant le pied droit dans le mollet gauche.. tu le tentes ? ». Le drone s’arrête. Tant mieux.

Le troisième : Le tremplin olympique de Grenoble 68. Aaaaaaaah. Je l’avais bien repéré dans toutes les vidéos que l’on peut voir sur YouTube s’agissant de l’UT4M. Je me suis clairement prévu une attaque au 60 % de l’escalier pour finir en courant. Et puis disons le franchement, avec l’UTMM, les marches, cela me connaît. Les supporters sont là nombreux. Grosse ambiance pour finir la montée. Je lance mon attaque. Je ne sais pas si vous avait déjà monté un tremplin olympique.. mais c’est plus long que ce que je croyais. Ce n’est pas grave. Je sers un peu les dents et j’accélère. Cela laissera peut être des traces, mais il faut aussi savoir se faire plaisir en Ultra. Ma petite fanfaronnade à amuser les supporters. C’est très sympa. L’ambiance est bonne. Et puis je sais que dans quelques heures cela ne sera plus du tout la même ambiance au milieu de la nuit.

 

3 – Lors d’un trail.. le bénévole s’appelle Claude. 

À l’image de mes arrêts dans les bases de vie, l’ensemble de mes passages aux ravitaillement ont été éclairs. Je passe de moins en moins de temps dedans. Pour les fanatiques du chronométrage officiel sachez que j’ai passé très exactement 4min13sec à Vif (Base de vie n°1) / 9min00sec à Rioupérioux (Base de vie n°2) / 12min08sec à St Nazaire (Base de vie n°3). Et puis je ne vous fais pas le détail des ravitos classiques, mais en gros c’est 30 sec à 2 min quand ça allait, et 4 à 6 min quand ça n’allait pas.

Les ravitos étaient formidables. Il n’y a rien à dire dessus. Les bénévoles étaient pro-actifs, vigilants et attentionnés. La nourriture était bonne, goûtue et assez variée. Qu’est ce qu’on peut demander de plus ? De la pastèque ? De la Chartreuse ? Et ben il y en avait aussi ! Mais bon, les ravitaillements c’est pas mon truc. Enfin c’est pas tout à fait cela. J’aime les ravitos, mais ce que je préfère c’est les fuir. J’aime ce moment délicieux où l’on quitte le ravitaillement sous des applaudissements qui disent « Allez.. bon courage bonhomme ». Un réel bonheur. J’essaie de toujours avoir un mot ou un geste en partant. Pour remercier d’une part et pour provoquer une réaction d’autre part. Puis, il faut le dire. Je pense réellement que le temps passé au ravitaillement est du temps perdu. Beaucoup me diront « C’est peut être là aussi que tu récupères pour aller plus vite plus tard gneu gneu gneu.. ». Je n’y crois pas trop pour moi. J’ai déjà testé les arrêts plus longs. Cela n’a pas mieux fonctionné. Alors maintenant c’est remplissage des flasques à fond, picorage et fin de l’alimentation en solide en partant. Je suis rapide là dessus. Mais je suis sûr de pouvoir encore gagner du temps.

Le sentiment le plus étrange est celui que je ressentais sur les 5 ou 6 derniers ravitaillements. Beaucoup de coureurs dessus (Les challenge – Le master – Les 40…) et donc forcément pas mal de supporters. J’avais le sentiment d’être regardé.. presque épié. « Regarde c’est un Xtrem.. il a l’air mort.. » – « Tiens.. il y a un malade du 170.. comment il fait ? » – « C’est quoi déjà les dossards rouge ? ». C’est sympa d’un côté. Tu es une curiosité. Mais d’un autre côté tu te dis rapidement que tu es jugé. C’est surement dans la tête tout ça, mais j’ai vraiment ressenti le poids des regards.. les vibrations de quelques mots prononcés sur toi.. c’est aussi pour cela que je fuis cet endroit.

Pour ceux qui connaissent le film Fight Club, ils connaîtront la citation suivante : « Dans la mort, un membre du projet Chaos s’appelle Robert Paulson ». Et bien là, c’est décidé. À vie. À jamais pour moi : « Dans le trail, un bénévole s’appelle Claude Deladoeuille« . Claude. C’est la belle rencontre de mon UT4M. Claude est professeur de mathématiques pour des lycéens sur Grenoble. Mais durant son temps libre, Claude est bénévole sur l’UT4M. Plus précisément, il est le chef de tout ce qui tourne autour du balisage. La pose, les ouvreurs, les serres-files, le rebalisage et le débalisage. Ce n’est pas la première fois que je rencontre un bénévole et que je discute un bon moment avec. Mais là j’ai rencontré une personne formidable. Ce genre de personne bienveillante, souriante et professionnelle à la fois. On ne dit jamais assez l’importance des bénévoles pour les courses. Sur l’UT4M, ce sont près de 800 personnes qui sont en action. 800 ! Non, mais ALLO ! C’est plus une simple association sportive là. C’est une réelle entreprise (au sens sociétal du terme). Une hiérarchie, une organisation, un management, une gestion des risques et des responsabilités, une logistique militaire, une vision et bien évident tout cela gracieusement. J’ai rencontré Claude il y a quelques mois sur Instagram. Je ne vous ferai pas la liste de toutes les BA qu’il a pu faire envers moi pendant ces quelques jours sans arrière pensée.. Sans espérer une quelconque reconnaissance.. simplement par humanité et par envie. Cela fait tellement du bien de rencontrer quelqu’un qui avance.. qui a envie.. qui réalise.. cela donne envie de retourner l’ascenseur. Il est donc décrété que Claude est l’exemple des bénévoles.. le pire c’est que cela ne va pas lui plaire que je dise cela. Mais je le pense réellement. Il ne fait pas de tour de magie, il ne sauve pas des vies, il n’envoie pas des fusées sur Neptune, mais c’est un de ces héros ordinaires dont on aime conter l’histoire et que l’on aime surtout entendre conter la sienne une pinte à la main. Cela fait quelques mois que je cherche une thématique pour réaliser un documentaire sur le trail. Et bien, je crois que j’ai peut-être trouvé. Cela serait un docu-biopic en suivant son quotidien dans l’organisation de l’UT4M. C’est passionnant de l’entendre parler des « à-côté » de la course. C’est terriblement intéressant de comprendre comment la mécanique d’une course se construit et se gère. C’est fabuleusement respectable de prendre en pleine face l’engagement de ses bénévoles pour simplement quelques centaines de gars qui veulent faire quelques kilomètres en montagne. J’en profite pour glisser une petite promo (qui ne m’a pas été demandé je vous rassure). Si vous souhaitez découvrir l’envers du décor d’un ultra-trail, les coulisses, les rouages.. je vous conseille fortement de vous renseigner auprès de l’organisation de l’UT4M. Les équipes sont sensationnelles. Le directeur de course est un plus grand passionné que j’ai pu rencontrer dans ce sport. Et apparement, de ce que j’ai pu constaté, tous les bénévoles sont fiers de leur réalisation et ils reviennent tous d’année en année. Bref, si ça vous tente.. l’UT4M 2019 c’est en Juillet l’an prochain 😉

Sebastien ACCARIER

(Claude –  deuxième en partant de la droite. Regard concentré)

(Merci à lui d’avoir accepté d’apparaitre sur mon blog… qui a priori est une référence mondial en terme d’audience sur le web – Private joke 😉 ). 

 

 

4 – La nuit – Le brouillard – Les ténébres. 

Il est des instants magiques. Ceux où votre esprit s’évade à mille lieux de votre corps. Un tel moment me revient. Il n’est pas loin de 3 h du matin. Je suis reparti du ravitaillement de La Morte depuis quelques kilomètres. La nuit est sombre. Le brouillard est épais. Je ne vois pas à plus de 2 mètres devant moi. Ma PETZL forme une masse blanche devant mes yeux. Suivre le sentier devient de plus en plus difficile. Je m’en écarte régulièrement. J’essaie de ne pas trop le faire, car je sais qu’il peut y avoir des précipices à quelques cm de mes pas. Une chute et c’est l’éternel sommeil assuré. Vous êtes dans l’ambiance. Cool. Je suis seul à ce moment là. J’avance à un rythme soutenu. Le bruit de l’air forme une chanson harmonieuse dans mes oreilles. Ma cadence est musicale au frottement. Je commence à fredonner :

 » Marcher dans le sable

Se sentir coupable

Dans les herbes hautes

C’est sûr tout est de ma faute

Savoir dire tant pie

Avoir juste envie

Rester dans son lit

Tout ça m’est interdit

Il faut que quelqu’un m’aide

Je n’ai qu’une seule vie

À trouver le remède

Je n’ai qu’une seule vie

Chaque jour cette pensée m’obsède

Je n’ai qu’une seule, une seule vie ».

Pourquoi cette chanson ? Pourquoi maintenant ? Je ne sais pas. Mais c’est un bonheur immense. Un rocher d’un mètre de haut apparaît devant moi. Je quitte le sentier pour y grimper. Je suis debout dessus. La truffe au vent. J’arrête de fredonner. Je me retourne. Personne. Je regarde devant. Rien. Le brouillard. Je n’ai aucune idée du relief à côté de moi. Peut être qu’une falaise immense se dresse à ma gauche. Peut être qu’un Lac s’offre à moi à quelques mètres. Je respire un grand coup. Je ferme les yeux. J’éteins ma PETZL. J’ouvre les yeux. Je ne vois rien. Pas le moindre petit contraste. Tout est profondément noir et pourtant j’ouvre grand les yeux. J’hume l’air. Le vent semble s’être arrêté. Pendant une seconde, je m’imagine seule sur terre. Je la vois tout entière ronde.. Et moi seul posé dessus. Tout cela a duré une vingtaine de secondes seulement. Un moment magique qui restera gravé longtemps.

Vous le savez sûrement déjà. Etre en groupe n’est pas du tout ma préférence (à moi….). J’affectionne ces moments de solitudes fantastiques. Ils sont pour moi des sources d’envie, de réflexions et de plaisir. La nuit me permet cela. Plus fort que le jour. Souvent, lors des montées en pleine nuit, j’essaie de lever la tête. Regarder loin devant. Au dessus. De déterminer les sommets environnants. En pleine journée, cette tâche est facile. Trop facile. Dans la nuit, c’est impossible. Vous pouvez déterminer avec d’autres critères les reliefs environnants. La force du vent. Sa direction. L’inclinaison du chemin et sa manière de serpenter. La température. Les odeurs. La taille des ruisseaux. La pression dans vos oreilles. Tout vous donne des indications. Mais il n’y a que la nuit qui vous permet d’imaginer le relief. De le créer. De penser le voir. De le dessiner dans sa tête. S’en convaincre, sans y croire vraiment. S’en protéger, sans pouvoir rien y faire. J’aime cette sensation.  Je me sens tout puissant. (Bah ouais.. je dessine des montagnes dans ma tête.. c’est costaud quand même !).

Dernières paroles sur la nuit avant que vous ne sombrez. Parole. Que dis-je. Anecdote. Première nuit. Brouillard. Vision à 2 m. Bref, je suis pas loin de deux paragraphes plus haut. Nous avons du mal à repérer les balises. Elles ont beaux être séparées de 20 m à peine, le brouillard est trop dense. En passant à côté d’une balise, on se jette dans l’inconnu quelques mètres. Dans l’espoir de tomber sur la suivante, scintillante quelques mètres plus loin. Souvent, il suffit de suivre le sentier. Mais parfois c’est plus compliqué. Nous sommes à ce parfois. Pas de sentier sous nos pieds. Ce ne sont que rochers et gros cailloux. La concentration pour avancer est déjà immense. Ne pas se faire une cheville en loupant un appui est une priorité. J’avance de rochers en rochers. Cela fait plus de 30 m que j’ai quitté la dernière balise. Je regarde à gauche, à droite, devant, derrière. Rien ne scintille. Je continue encore un peu. Mes appuis tentent de se faire sur les rochers les plus plats possibles. Il ne s’agit même plus d’avancer vite maintenant, mais de trouver le prochain caillou sur lequel poser son pied. Je vois alors une surface plane. Dans ma tête, il s’agit d’une sorte de dalle en béton comme on peut trouver à proximité d’un réservoir, ou d’un abreuvoir. Je lance mon pied gauche dessus. Assuré du maintien que la surface va m’apporter. Lorsque l’avant de mon pied arrive au niveau de cette surface, je suis assez près pour remarquer que ce sol lisse réfléchit ma lumière. Il s’agit en réalité d’un lac d’altitude. PLOUUUUUUUUUUUF. La jambe gauche y passe. J’arrive à m’arrêter avant de basculer entièrement dedans. BORDEL. Je rigole. Demi-tour. C’est reparti. Tu es mignon maintenant, tu marches sur les surfaces planes.. mais en pente, c’est plus sur !

 

5 – Des instants à deux. 

Adorer être seul. C’est un fait. Mais je ne crache pas non plus sur des moments en petit groupe. J’en ai vécu quelques uns sur l’UT4M. Trois moments principalement. Il y en a certainement d’autres, mais je ne m’en souviens pas.

Le premier, c’est joué en deux actes. Le premier dès les premiers kilomètres après la ligne de départ. J’avais repéré, un gars plutot ultra-affûté. Crâne rasé. Casquette blanche à poids rouge de meilleur grimpeur visée sur la tête. Je comprendrai en discutant avec lui le pourquoi de la Casquette. Nous avons pris un départ rapide. Les 3 premiers commencent à prendre le large. Ils accélèrent clairement pour mettre de la distance. J’avance bien, mais je ne force pas non plus. Rapidement, je me trouve un compagnon de rythme. Nous avons la même allure. Nous nous présentons l’un, l’autre. Il s’appelle Nicolas (Perrier je crois). On me l’a montré de loin avant la course en disant « Lui. C’est du très lourd. Il est spécialisé sur les Km vertical ». Nous échangeons un peu. C’est la première fois qu’il se lance sur un 100 miles. Il ne sait pas trop comment son corps va réagir. J’ai un peu l’impression de parler avec un champion de rally, qui monterait pour la première fois dans une formule 1. Sa vision est intéressante. Il me décroche rapidement quand le % devient trop important. Je le retrouve 6 h plus tard. En attaquant Oyssans. « Aaaah. Bah t’es là toi. Ça va toujours ? ». Deux potes à lui l’encouragent quelques centaines de mètres. Ils le charient « Nico. Ca fait quoi d’être au même niveau qu’un parisien ? ». C’est bon esprit. On se marre pas mal. En discutant par la suite il me dit « C’est parti super vite. On est sur le temps du record de l’UT4M là. Ceux qui sont devant sont parti ultra fort. Ça va péter devant à un moment ou à un autre« . L’entendant dire cela, je me dis : Premièrement, qu’il va falloir que je m’économise tout de même. J’ai beau ne pas avoir l’impression de puiser dans les réserves, c’est vrai qu’on a bien avancé jusqu’à là. Et deuxièmement, je discerne dans sa phrase de l’ambition. Je sens qu’il va aller chercher l’avant de la course à un moment.

Là, il est tapis dans l’ombre, près à bondir. J’espère sincèrement pour lui qu’il va réussir. Dans le plat et le faux plat je me place naturellement devant. Dès que cela monte plus, il passe devant et je tente de m’accrocher. Il impose un gros rythme. Nous faisons à deux l’ensemble du Km vertical avant d’arriver à Laffrey. Clairement, c’est lui qui est à la manœuvre. Je le sens dans son élément. Il me fait un peu sortir de ma zone de confort dans la vitesse ascensionnelle mais ça passe. Une fois en haut, il relance rapidement et disparaît dans la nuit. Je ne le reverrai plus.

Mon second souvenir non solitaire est au 128ème Km. Après la dernière base de vie (St Nazaire). J’ai plus de 25 h de course dans les pattes. Et surtout je suis en train de revivre après un passage à vide total de 40 Km dans Belledone et après une dizaine d’heures sans énergie. J’attaque le dernier massif. Bienvenue en Chartreuse. Comme cadeau de bienvenue, je vous propose un bon petit 1500 m D+ jusqu’au prochain ravitaillement (Habert de Chamechaude). Parfait.. quand on commence à revivre.

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J’opte rapidement pour la stratégie de ne pas monter seul. J’ai un peu parlé avec deux coureurs du 100 Km. Je pense qu’il s’agit d’un couple (j’apprendrai le lendemain qu’il s’agit d’un frère et de sa soeur.. Oups). Ils semblent avoir bien compris que je suis entamé. Je me glisse derrière le garçon. Je lui demande « Désolé. Je me mets dans tes mollets. Ça te dérange pas ? ». Il accepte gentiment. Je ne vais pas le lâcher. Je ne vais pas beaucoup discuter non plus. Mon regard ne va presque pas quitter ses mollets de toute la montée. Je ne sais pas combien de temps cela a duré. 1h30. Peut être deux heures. Sa soeur est en tête. Elle tient un super rythme. J’arrive à tenir derrière. C’est ouvertement très difficile pour moi. Mais je ne réfléchis plus. Mes jambes avancent mécaniquement. Je me refuse à m’éloigner de plus de 2 m du frérot. Lorsque cela arrive, je tremble de peur de ne plus les avoir et je remets un petit coup pour les rattraper. Je suis une sangsue du trail. Je les remercie plusieurs fois. Peut être trop de fois. Je ne suis plus du tout lucide de tout façon. Le gobelet accroché dans le dos du frère, qui balote à ma vue, vient de m’adresser la parole pour la seconde fois. Il a la voix du doubleur français d’Eddie Murphy (Med Hondo). Je ne me rapelle plus trop ce qu’il m’avait dit. Un truc du style « Héé. Mec. Tu vas pas t’arrêter là ? Bouge ton popotin et fini cette course. Je te le dis ! » Bref, le bonheur des hallucinations. Nous nous quittons au sommet. Merci à tous les deux. Seul. Je n’y serais pas aussi bien arrivé.

Troisième est dernier souvenir à deux. Les 20 derniers kilomètres avec Thibault (Pesenti). Cela faisait des heures que je n’avais pas vu de coureur de l’Xtrem. Apres un ravitaillement, dans un virage en commençant une côte, je dépasse un coureur. En le faisant, je jète un œil à la couleur de son dossard. Il est rouge. « Ça va ? Tu tiens ? ». La conversation s’engage. Ça fait du bien de se savoir avec quelqu’un qui a vécu la même chose que toi depuis le début. Non pas que les autres coureurs n’étaient pas sympa. Mais là, tu as vraiment l’impression de faire partie de la même tribu. Nous restons ensemble. Il connaît à merveille l’ensemble de la fin du parcours. C’est un gros plus à cet instant de la course où l’envie que cela se finisse devient de plus en plus grande. Nous allons parcourir les 20 derniers kilomètres à 1 m l’un de l’autre. Nous passerons la ligne d’arrivée ensemble. Deux choses m’ont marqué. La première, c’est simplement l’image de nos deux corps courant dans Grenoble sur le bitume. L’un à côté de l’autre. Nous ne savons plus courir. Notre foulée est carrée. Nous avançons nos deux pieds plats sans dérouler d’aucune façon. On croirait deux animaux dont les pattes sont trop courtes par rapport à leur corps. Peut importe. Dans notre volonté de continuer à avancer nous sommes beaux. La deuxième chose qui m’a marqué, et surtout pour laquelle je remercie Thibault c’est sa réponse à mon ras-le-Bol de tous ses lacets en descente que nous effectuons depuis des dizaines de minutes. Nous courrons tout le temps. J’en ai complètement marre. Nerveusement je suis à bout. Grenoble est bien visible au dessous. Mais nous perdons trop peu d’altitude à chaque lacet pour s’en rapprocher rapidement. C’est interminable. J’ai envie de m’arrêter et de marcher. Je lui dis. Il me répond le plus simplement du monde « Tu te vois marcher là dessus. Ça va être encore plus chiant. Plus vite on court et plus vite c’est fini« . C’est tout ce que j’avais besoin d’entendre. Merci Thibault.

 

6 – Onze mille.. croix V bâtons. 

11.000 – Onze Mille. 11 fois mille. Franchement, entre nous, vu comme ça, cela ne veut rien dire. Ce n’est qu’un chiffre (un nombre.. ok). « Je pars sur un Ultra.. 170 Km Et 11 mille mètre de dénivelé ». Là, où tout le monde va tiquer, c’est bien sur le 170 Km. Pas sur le 11 000. Et pourtant c’est bien lui qui fait tout. 11 kilomètres de montée. Et surtout, on l’oublie trop souvent, c’est aussi 11 kilomètres de descentes. Rappelez vous de la dernière fois que vous avez couru 11 Km. C’était quand même un bon petit morceau en terme de nombre de pas.. de temps passé. Et bien maintenant, placez ce référentiel en direction du ciel. Montez le. C’est long. Ok. Maintenant. Creuser un trou de 11 Km au dessous de vous. Descendez y. C’est long. N’est ce pas ?

J’avais un peu oublié depuis la Diagonale ce qu’était le gros dénivelé. Le Mad’Trail m’avait fait une piqûre de rappel en juillet. Mais ce n’était pas suffisant. Quand on s’entraîne dans une côte de 34 m, on n’est pas prêt. On ne peut pas imaginer ce que c’est. Ce que cela fait à notre corps. Comment s’y prendre. C’est juste inimaginable. Quelle violence. Toutes ces montées. Avec des % affolant. Et la longueur infinie de ces descentes. Comme c’est dur. Comme le corps souffre. Cela se voit bio-mécaniquement parlant sur le corps d’ailleurs. En écrivant ces quelques mots, dans le train pour Chamonix, deux jours après l’UT4M, je place ma main droite sur ma cuisse, mes doigts se calent sur les reliefs créés par ma viande (on se calme hein.. je ne vais pas me lancer dans la littérature érotique). Des nouveaux muscles sont apparus. Coucou vous. J’ai beau courir 100 bornes par semaine minimum. Mes cuisses sont formées. Mais là, 11.000 m de D+ et de D- ont fait apparaître de nouvelles formes inconnues. C’est troublant. Je ne me reconnais plus trop. Ce n’est pas à moi cette jambe. Retirez moi ça vite.

C’est Bon ? C’est parti ? Top. Ma main droite quitte ma cuisse pour monter sur mon épaule gauche. Bordel. Mais là aussi. C’est quoi ce délire. Mes muscles poussent aussi sur les bras maintenant. C’est nouveau ça. Oui. C’est nouveau ça. Et il y a une bonne raison. Enfin deux. Deux bouts de bois à vrai dire. Des branches mortes. Ramassées. Juste pour pouvoir continuer à avancer. Et Oui. Moi. L’anti-baton. J’ai utilisé des bouts de bois pour avancer sur l’UT4M. Pour rappel, il y a encore deux semaines sortait un article où j’expliquais que « pour moi.. les batons.. c’est de la triche mécanique« . Je le pense encore d’ailleurs. Mais avec une telle quantité de dénivelé j’ai cédé à l’appel des branches mortes. Ok. Je suis parti comme sur la Diagonale. Sans bâtons. En me disant que de toute façon, moi, je suis habitué à courir sans. C’est plus pur. C’est ça la vrai course. Je n’ai pas besoin de deux déambulateurs pour avancer. C’est pour les autres çà. D’ailleurs, quand je regarde le Top 20. Je le vois Bien. C’est pour eux ça. Mais attend. Je suis le seul à pas les utiliser ? Lui. Il en a. Lui aussi. Lui aussi. Aaaaah lui, il en a pas. Ah non. J’ai rien dit, il les a dans le dos. Ok. Bon tu n’es pas non plus têtu à ce point la. Si t’es vraiment le seul à ne pas les utiliser, il faut peut être se poser la question ? Non ? Tu penses pas ? Je me suis réellement dit cela apres le 3ème ou le 4ème ravitaillement. Lorsque pour la 3ème fois de suite, les bénévoles m’ont interpelés alors que je quittais le ravito « Heeeey. Tu oublis tes batons !! » –  » Euh. Ben j’en ai pas ». Le fait que cela soit tellement naturel pour eux qu’on ait des batons m’a un peu marqué.

A partir du Km 88. La question ne se posait plus. J’étais juste incapable de grimper à bonne vitesse sans utiliser des bouts de bois. Chaque montée commençait par 400 mètres de recherche de bois mort pour me fabriquer deux batons. Je pense que j’ai du passé 70 Km avec des branches d’arbres dans les mains. Je me suis fait les bras, je peux vous le dire. Et je vous parle pas des ampoules aux mains. En tout cas, cela à bien fait rire les autres coureurs croisés. « Sympa les nouveaux Leki » – « Et bah alors cromagnon.. ». Mais au final, je dois l’avouer. C’est tellement, mais alors tellement plus simple avec des batons. Cela vous porte en montée, et vous stabilise en descente. Je suis un peu déçu d’avoir céder à cette facilité. Mais je pense vraiment que si je veux continuer à progresser dans les classements, il va falloir que je m’y mette. Je pense gagner facilement 2 h rien qu’avec les batons sur les formats proches de l’UT4M. Je n’ai pas encore fait définitivement ce choix. Mais 2 h. 120 minutes. On ne peut pas cracher dessus.

Dernière chose sur les bâtons. Étant donné que j’ai ramassé du bois mort, je ne pense pas prendre de sanction sur des points de règlements liés à la protection de la nature. Par contre, j’ai un doute sur le droit ou non d’utiliser des bouts de bois comme batons. Je me dis que s’il est interdit de mettre des bâtons dans les sacs assistances, ce ne devrait pas être autorisé d’utiliser des bouts de bois trouvés, qu’on ne porte pas tout le long de la course ? Non ? J’ai un doute. Et ce doute je l’ai eu tout le long de la course. Je ne me suis pas caché avec mes bouts de bois. Je rentrais dans les ravitos avec. Si c’était interdit. On me l’aurait dit ? Non ? En tout cas, promis. La prochaine fois. Soit je pars sans bâton. Et je m’interdis d’utiliser des branches mortes. Soit je m’achète des batons et je mets 2 h de plus à mes pronostics.

 

7 – Plus de son. Plus de lumière. Je crois que le disjoncteur a sauté. 

Nous sommes très précisément au kilomètre 87,6. Je viens de ressortir de la seconde base de vie de Rioupéroux. J’ai une grosse 15ène d’heures de course dans le corps. La descente des – 1400 m de D- très sèche pour atteindre la base vie m’a bien massacré. Le jour commence à se lever. Je redoute ce moment. Je vis généralement mal les passages de la nuit au jour. Pour ne rien arranger, c’est gros km vertical tout de suite au petit-déjeuner. Quelques 1100 m D+ à faire en 4 Km. J’avale quelques pistaches en commençant la grimpette. Rapidement, je me sens de plus en plus faible. Je m’endors complètement en avançant. Mes yeux se ferment. Ma démarche n’est pas bonne. Je slalome sur le monotrace montant. Je me ressaisis plusieurs fois avant de tomber dans le ravin. J’attrape un gel et l’avale aussi sec. Je m’arrête un instant en me tenant à un arbre. Mes yeux n’arrêtent pas de se fermer. J’ouvre une de mes flasques et me lance de l’eau sur le visage. Je tente de repartir. 50 mètres plus loin. Plus de son. Plus d’image. Je m’arrête net. Le réservoir est à sec. Je ne peux plus faire le moindre mètre. Je m’assoie sur un rocher. Pose mes mains sur mes genoux. La tête tombe toute seule. Je n’arrive pas à la retenir. Je m’endors quelques secondes. Je me réveille en sursaut. Tiens bon. Tu ne peux pas t’arrêter là. Il faut que tu continues. J’arrive à me relever. J’avance à nouveau. Chaque Pas est une épreuve en soit. 50 m plus loin. Plus possible. Je m’arrête à nouveau sur un caillou. Je fais le point. Aller. Pose toi. Respire. C’est un mauvais moment ça va revenir. Respire. Mon regard est vide. Je ne pense à rien de manière lucide. Je commence à imaginer le pire. L’abandon. Il reste encore 80 Km et deux massifs entiers. Comment je vais faire. Toute la montée se passe comme cela. Je mets 23 min pour faire le premier Km. 31 minutes pour le second et 35 minutes pour le dernier. PLUS D’UNE HEURE POUR FAIRE 2 KILOMETRES. J’ai beau me rappeler de l’état cadavérique dans lequel j’étais, c’est quand même énorme.

Je me vois tout de même ultra combattant. Vaillant comme jamais je ne l’ai été pour finir ce Km vertical. D’accord tu avances un pas par un pas. Mais au moins tu avances. La tête est base. J’entends un bruit proche à un moment. Il y a quelqu’un dans un duvet qui dort à moins d’un mètre de moi. Je ne l’avais même pas vu. En fait, elles sont deux. Elles voient ma détresse. Me demande si ça va ? Si elles peuvent faire quelque chose. Mon orgueil répond à ma place. « C’est dur là. Mais ça va le faire. Merci ». C’est énorme bonhomme. Continue. L’abandon ne fait pas parti de ton logiciel. L’abandon n’est pas une option. L’abandon est interdit. Je grimpe. Arrivé au sommet, je lance un immense cri de délivrance et de fierté. Un bénévole placé plus haut m’entend. Il me répond. « C’est bien champion. T’es au bout. Continue », en agitant une cloche. Je passe à côté de lui. Totalement dévasté, mais fier.

Sur les 470 partants, 202 personnes ont abandonné. Ça donne le ton. Je crois que c’est la première course que je fais avec un tel taux de DNF (43 %). Selon moi, il y a deux raisons. La première : C’est TELLEMENT DUR. Tout simplement. Venir à bout de cette course est une lutte. Les difficultés résident bien entendu dans la longueur et dans le dénivelé, mais aussi dans la technicité des chemins, qui ne sont vraiment pas tous roulants du tout. La seconde : Il n’y a pas (peu) de barrière à l’entrée. N’importe qui peut s’inscrire à cet Ultra sans avoir à prouver d’une quelconque expérience en trail. On m’a même raconté qu’une femme avait offert le dossard à son mari alors qu’il n’avait qu’un marathon à son compteur. Je suppose un tentative de crime parfait.. mais n’allons pas plus loin. Mais au fond, je comprends le volume d’abandon. Quand je vois l’enfer que j’ai vécu dans l’ensemble du troisième massif. Aaaah. Belledone. Le fameux juge de paix dans cet ultra. Pour moi, Belledonne a tout bêtement été 40 Km dans le fond du fond. Sans jus. Sans jambe. Sans rythme. À m’endormir. À m’arrêter sur des rochers, le regard vide. À tenir avec les tripes pour ne pas tout arrêter. Quel souvenir ! C’est idiot. C’est très certainement mon pire passage à vide dans mon experience en course. Et pourtant je pense que c’est un de mes meilleurs souvenirs. Celui qui m’a permis en quelques heures d’obtenir des mois et des mois d’expérience. Celui auquel je penserai la prochaine fois que cela m’arrivera. Celui qui me fait dire que si j’arrive à résister à des moments comme cela alors rien ne m’est impossible.

Beaucoup de coureurs sont venus me voir pendant mon passage à vide. Quand j’étais en difficulté pour avancer ou quand je m’arrêterai pour comater. Je les remercie tous. Même si c’est très chiant de répéter pour la 25ième fois que « Ça va. Je respire un peu. J’ai tout ce qu’il me faut. Merci » avec un simili-sourire. Même si c’est chiant. Au fond, cela fait du bien. Cela sort quelques instants la tête du seau. Échanger c’est déjà tenter de repartir. Parler c’est l’amorce du premier pas. Heureusement que beaucoup on était là pour moi.

La lumière s’est rallumé après la troisième base de vie. 10 h en enfer. Si j’y avais été réduit, je pense que j’aurai rampé. Ma détermination était immense face à mon échec mécanique cuisant. Je pense tout simplement que comme un noyé, j’avais besoin de toucher le fond pour remonter à la surface. Et quel rebond. Qui aurait pu croire que j’arriverais à avaler cul sec le dernier massif (Chartreuse) après m’avoir vu dans un tel état dans Belledone. Personne ! Enfin, en tout cas, pas moi. Le corps humain est incroyable. J’espère encore en découvrir d’autres, des comme celle là.

 

8 – Ceux qui ne sont pas là. 

Courir c’est courir d’abord pour soi. Mais c’est aussi courir pour ceux (qui sont loiiiiiiiin de chez eux..) qui ne sont pas là. Bien entendu que quand je cours, je le fais pour moi. Pour mon plaisir. Mais maintenant c’est n’est plus possible de le faire pour moi uniquement. Il y a des parties prenantes à ma course. Surtout quand il y a un suivi Live de la course qui ne peut qu’apporter crainte, erreur de jugement, insomnie et foulure du doigt à force d’appuyer sur « actualiser » pour ceux qui suivent.

Je le sais. Je suis suivi. Et en premier lieu par ma copine. J’y pense énormément en courant. Quand ça va pour passer le temps. Quand cela ne va pas pour tenir. Et plus globalement, je me sens responsable de ses craintes. Dépêche toi d’arriver au ravitaillement idiot ! Elle doit flipper derrière son écran. C’est drôle. C’est comme si c’était une difficulté en plus dans la course. Les chemins, la nuit, le froid, la fatigue, les rochers, la boue ne sont pas suffisants. Il fallait se mettre cette chose en plus. Je le dis en rigolant. Bien sur. Mais il y a toujours un peu de cela. La peur de décevoir. L’envie de ne pas inquiéter. Et surtout l’envie d’envoyer un petit message « Tkt. Je gère. Gros bisoux. » Au milieu de la nuit. Il faudra que je prenne le temps de le faire une fois. Mais je lui ai tellement dit que « Je n’utilise pas mon téléphone en course » – « Ne t’inquiète pas si tu n’as pas de nouvelles » – « C’est si je t’appelle qu’il faut commencer à t’inquiéter ». Ces indications sont tellement ancrées que j’aurais peur de lui faire faire une crise cardiaque pour un petit Sms rapidement envoyé. On verra bien. En tout cas, sache (par ce que je sais très bien que tu vas lire cet article) que ton bracelet m’aide énormément. Et que chaque bisou que je lui fais quand ça ne va pas et multiplier par mille (au moins) en t’arrivant.

Il y a aussi la famille, les amis. Pour eux c’est différent. L’objectif premier n’est pas tant de ne pas les inquiéter, mais plutôt de les rendre fiers. Je ne sais pas pourquoi je le vis différemment. Pour eux, je veux simplement aller au bout. Ne pas revenir la tête basse et trouver une explication du pourquoi.. du comment.. cela n’a pas marché. Ça m’arrivera forcément un jour de bâcher une course. Ce jour là, cela sera très difficile pour moi de revenir en les regardant droit dans les yeux. Savoir qu’un jour j’aurai à dire « Je ne pouvais tout simplement plus » me panique.. m’angoisse. Cela sera une épreuve à affronter.

Et enfin, je cours bien évidement aussi pour ceux qui me suivent sur les réseaux sociaux. Beaucoup placent en moi une source d’inspiration. J’ai du mal à le comprendre d’ailleurs. Comme je le dis souvent, tout le monde est capable de faire ce que je fais. Avec un peu d’envie, de la motivation et surtout en plaçant la notion de plaisir très haut dans la pratique du trail. Pour eux, ce n’est ni la volonté de ne pas inquiéter ou celle de rendre fier, cela n’aurait pas de sens. Pour eux, il s’agit de tout faire pour ne pas les décevoir. Cette pression sociale qu’au final j’ai créé moi même ne me dérange pas. Elle me stimule d’ailleurs bien souvent à aller de l’avant. Et puis quand d’ailleurs, des supporters ou des coureurs en course encourage la casquette Verte, j’ai toujours un regain d’énergie qui m’aide à continuer.

 

9 – Les points positifs. 

32 h de course, c’est long. Certes. Mais cela permet de bien identifier des fondations, des opportunités, des erreurs de fabrication, des vices cachés.. Pas simplement par flash comme l’entraînement. Mais dans le fond. 170 Km suffisent bien à cela. Les lacunes ancrées émergent, les facilités éprouvées font surface. Commençons par le positif.

Pour la première fois depuis toujours je crois, je n’ai pris aucune gamelle. Aucun gadin. Aucune mise à terre. Il y a bien eu quelques dérapages, mais aucun n’a réussi à démontrer sur le cobaye que je suis la loi universelle de la gravité. Pas de chute. On pourrait prendre cela comme de la chance. Mais, je ne crois nullement en cela. Si je n’ai pas chuté c’est pour plusieurs raisons selon moi. J’ai été très vigilant. Très concentré tout le long de la course. Rares sont les pas, les appuis, les prises de risque qui n’étaient pas calculés.. assumés.. choisis. Oui.. il y a bien entendu eu des petits moments d’égarements. Des pieds qui glissent. Des trajectoires incertaines. Des torsions de cheville. Mais je suis content de mettre toujours bousculé pour me focaliser sur la bonne marche à suivre. Nombreux ont été les « Reprend toi bonhomme. Concentre toi ». Et je suis content qu’ils aient tous fonctionné. Et puis je pense que l’entraînement plus technique que je me suis imposé ces derniers mois commence à payer. Des automatismes se sont créés. Je suis sur la bonne voie.

Autre point positif.. Qui peut paraître, je le conçois, complètement indolore. Mais qui pour moi change beaucoup de choses et le fait de n’avoir pas (enfin très peu) regarder ma montre. Cela fait depuis la dernière SaintéLyon que je regarde de moins en moins ma montre en course. Avant c’était un choix, pour faire passer les kilomètres plus vite. Maintenant c’est un besoin. Regarder rarement ma montre me permet de me focaliser à 100 % sur moi. Sur mes sensations. Je me connais bien maintenant, et surtout je sais de mieux en mieux m’analyser. L’indicateur kilométrique, la vitesse, l’altitude.. tous ces petits indices ne rentrent plus dans ma table de décision. Le corps avant la machine. Les sens avant la science. Il y a d’ailleurs un mode extinction de l’écran automatique après 5 sec sur ma Suunto Spartan Ultra. Ça économise la batterie.. Et des noeuds au cerveau.

Continuons la liste des bons points. Qu’est ce que l’on a maintenant ? « Gestion de l’eau, de l’alimentation et du matos« .. Ah. Vaste sujet quand on commence à courir. Pour ce qui est de l’eau, j’ai testé une nouvelle méthode : 2 flasques 500 ml devant et une troisième dans le filet dans le dos. J’avais un peu peur du ballottement dans mon Salomon ADV Skin 12 L. Mais au final, c’est passé comme dans du beurre un chaud matin d’été. 2 à 3 petites gorgées de manière régulière. Et des grosses gorgées quand la soif se fait sentir. Un petit check sur la couleur en urinant. Et hop. On continue. Pour l’alimentation, pas de problème. Mon fonctionnement avec pas mal de gels en course et du grignotage aux ravitaillements a bien fonctionné. J’ai ajouté deux sachets de pistaches au 80 et 120 ème km pour l’apport en sel et en potassium. Je pense que c’est le bon moyen pour moi de tenir sur ce genre de distance. J’ajouterai certainement la prochaine fois des aliments avec plus de goûts pour le plaisir. On verra. Enfin, le matos. Bah. Tout simplement, aucun problème. Suivant à la lettre ma règle du « Pas de nouveaux matos, inconnu, non-éprouvé en course officielle ».. j’étais rodé. Ça a roulé. Grosse satisfaction sur les chaussures. Au final, je me suis parti sur les Salomon S/Slab Ultra. J’avais un peu peur de subir le poids au fur et à mesure des kilomètres par rapport à mes traditionnelles Sense 6 SG. Mais au final, aucun soucis. C’était parfait. Le confort qu’elles apportent est tellement agréable au bout de 90 – 100 km. On oublie rapidement qu’on aurait pu gagner quelques grammes.

LE POINT DE SATISFACTION que je retiendrai s’il devait en avoir qu’un seul. « Avoir eu les tripes de continuer« . C’est rare pour moi d’y penser, voir inacceptable dans ma manière de concevoir ma pratique du Trail : J’ai pensé à abandonner. Ça n’a pas duré longtemps. Mais j’y ai pensé. Ce n’est pas contagieux je vous rassure. Lorsque j’étais au fond, très profond. Quand plus rien ne fonctionnait en moi. Quand chaque pas devenait un effort surhumain. Quand pendant 40 Km, je me voyais tituber comme un ivrogne qui court après un bus qu’il ne rattrapera pas. Quand dans ces moments, plus rien n’allait.. me dire que je suis allé puiser au fond de moi l’énergie.. l’envie de continuer. Malgré tout. D’aller chercher la ligne d’arrivée avec les tripes. Et bien je suis très très très content de cela. Passer par ce genre de petite victoire sur soi même t’apprend plus que des milliers de séances d’entraînement. Je suis armé pour la prochaine fois. Je sais que si je suis au plus mal. J’aurai vécu ce mal déjà une fois. Et comme en probabilité : Quelque chose qui s’est déjà produit une fois à plus de probabilité de se reproduire que quelque chose qui ne s’est jamais produit » alors je serai prévenu.. prévenu que c’est possible de gagner face à ce mal la.

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Dernier point de satisfaction : Je n’ai pas eu de douleurs physiques intenses.. terribles.. intenables.. Enfin si. Bien sûr que si que j’ai eu ces douleurs physiques intenses.. terribles.. intenables.. mais j’ai réussi à en faire totalement abstraction. Sans en plus avoir besoin de me le dire.. Ou de m’y obliger. L’expérience acquise sur la gestion de la douleur commence à bien fonctionner. J’avais compris que c’était possible de décider qu’on a pas mal en regardant une video de Kilian. Une petite interview, où le plus simplement du monde Kilian expliquait que le mal c’était dans les jambes et dans la tête. Mais que si tu décidais que ce n’était que dans la tête. Et que si c’est dans la tête, alors, au final, cela n’existe pas. Et bien tu peux vivre avec le fait que cela n’existe pas. Conseil vu. Conseil avalé. Conseil digéré. Conseil appliqué. La douleur c’est dans ma tête. Elle n’existe pas. Cela a fonctionné parfaitement. Et en plus, sans que j’ai eu besoin d’y penser. C’est parfait. (Aucun rapport, mais je fais la même chose lorsqu’il fait très froid. J’ai beau être en t-shirt par – 5°C dans la rue. Mes lèvres peuvent être bleues.. ma peau crispée de gelure.. mes poils dressés. J’arrive facilement à me dire qu’en réalité. J’ai chaud. Et en une fraction de seconde. Je le ressens. C’est fabuleux).

 

10 – Les points d’améliorations. 

Passons aux sujets qui fâchent. Non. Elle ne me plait pas cette introduction. Ce ne sont pas des sujets qui fâchent. Ce sont des points à améliorer. De la matière à travailler. De l’argile à transformer en penseur. Ma seule crainte.. passer à côté d’un tas d’argile posé là parmi les autres. Et ne pas le travailler. Risquer de glisser dessus la prochaine fois. On verra bien. Et puis ça laissera de la matière pour continuer à me modèler..

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Primero. Je trouve ça fabuleusement génial de sortir un Top 15 sur un Ultra. Se dire « OK. C’est cool. Même très bien. Mais tu peux encore et toujours progresser ». Trouver à s’améliorer alors que cela a plutôt pas trop mal fonctionné. J’adore. Ça me passe le message que l’apothéose est encore loin. Je n’ai pas atteint mon max. Loin de là d’ailleurs. Mais pour continuer à le rechercher j’ai déjà quelques pistes :

L’utilisation des bâtons. Bon. Ça fait chier. Vraiment. Vraiment. Vraiment chier. Mais je pense que si je veux gagner facilement une ou deux heures sur ce genre de format. Je n’ai pas le choix. Je dois retourner ma veste et accepter la triche mécanique que j’ai tant décrié. D’un côté je me dis.. Cool un nouveau territoire d’expression qui va en plus te permettre de gagner du temps. De l’autre, je me dis.. si tu as reussi à en y arriver là c’est aussi car tu cours sans bâtons.. Gros dilemme. Je pense que d’ici quelques semaines j’irai en tester en boutique. On verra si cela me plait. Affaire à suivre.

LE GROS POINT NÉGATIF sur la course : J’ai beau y penser depuis 1 semaine. C’est impossible, mais alors complètement impossible pour moi de comprendre le passage à vide que j’ai vécu. J’ai vraiment réfléchi à tout.. J’ai fait tous les schémas.. j’ai imaginé toutes les hypothèses.. je ne comprends toujours pas. D’où ça vient ? Pourquoi ? Est-ce que quelques choses l’a déclenché ?.. Pas de réponse. Je vais encore beaucoup y penser. Nombreux seront les ongles rongés.. Ou les kilomètres effectués en y pensant. Je garde espoir de comprendre. Et puis.. au pire des cas.. ça m’arrivera à nouveau.. mais là je serai prévenu. Vigileant. À l’affût du pk ? A la chasse du comment ? À la traque du déclencheur !

Dans le TOP 20. Seul à ne pas avoir de batons. Ok. On va peut être tester les batons. Mais aussi un peu le seul à ne pas avoir d’assistance, d’accompagnants sur les ravitiallements et sur les segments. Seul. Sur 170 Km. C’est long. Seul. Et voir que les autres ne le sont pas. C’est être encore plus seul. Je sais que je vais y passer aussi. Demander à des personnes de faire mon assistance. J’y suis prêt. Il faut simplement que tout comme en amour, je rencontre la bonne personne. Ps : ceci n’est pas un appel à SOS amitié. Je n’en suis pas là. Mais je me suis beaucoup posé la question. Je suis incroyablement solitaire dans ma pratique du trail. Et je pense qu’au fond, j’aimerai bien être assisté.. supporté.. accompagné.. ça ne marchera peut être pas. Mais j’ai le sentiment qu’il faut que j’essaie. Je ne veux pas passer à côté.

Dernier point d’amélioration. La connaissance du parcours. Bon.. là.. je n’y suis pour rien. Je ne connaissais même pas Grenoble. Mais de manière générale. Ne pas assez travailler sur le profil de la course, ne pas assez se renseigner sur le terrain. Les spécificités du parcours. Y aller un peu trop à l’arrache. Je sens que c’est un gros point négatif. Je suis parti sur l’UT4M Xtrem, comme on part sur un marathon. « De toute façon.. Ca va être long.. pas besoin de se documenter ». Erreur petit bonhomme. La connaissance c’est le pouvoir. Et quand tu as le pouvoir tu as tout ! (Oui. Je finis en piochant un dialogue de Scarface pour l’appliquer au Trail. Pourquoi pas.. il y en a bien qui utilisent des bâtons pour courir ^^).

 

Conclusion. 

J’ai pris l’habitude de terminer sur une citation Ou une chanson. Ça sera bien le cas je vous rassure. Mais juste avant j’ai quelque chose d’important à dire. Ma pratique du trail passe avant tout par le plaisir. C’est très important pour moi. L’UT4M m’a encore une fois rassuré là dessus. Je continue à prendre du plaisir. J’en prends même de plus en plus j’ai l’impression. Mais, même s’il faut retenir le plaisir, le petit truc en plus qu’y résumera bien mon aventure.. mon plaisir : Cette fois, ce qui m’a vraiment plu.. ce n’est pas la foulée, la nuit, le parcours, le paysage, les ravitaillements, l’ambiance, les bénévoles, les descentes, les montées… cette fois, ce que j’ai vraiment aimé, c’est que j’ai aimé douter.

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Sur un air d’ Englishman in New York – Sting :

I don’t take coffee, I take tea, my dear

Je n’fais pas de D, je fais l’Hamster, My dear

I like my toast done on one side

J’aime repasser dans mes montées

And you can hear it in my accent when I talk

Et tu peux voir cela dans ma manière de courir 

I’m an Englishman in New York

Je suis un trai – ler Pa – ri – sien 

See me walking down Fifth Avenue

Regarde moi baver dans le KV

A walking cane here at my side

Le regard vide en contre plongée

I take it everywhere I walk

Je l’amène toujours en montagne

I’m an Englishman in New York

Je suis un trai – ler Pa – ri – sien 

Oh, I’m an alien, I’m a legal alien

Je suis un trai – ler Pa – ri – sien 

Oh, I’m an alien, I’m a legal alien

Je suis un trai – ler Pa – ri – sien !

 

16 réflexions sur “Récit UT4M Xtrem 2018 (170 km – 11.000 D+) – 13ème au général – 11ème Sénior Homme – 32 h 19 min 25 sec.

  1. Toujours les mots justes pour raconter tes aventures, toujours un plaisir de les lire !
    Cette fois-ci j’ai même eu la chance de partager un petit km avec toi dans les Belledones (j’étais sur le 100), le jour de mon premier « ultra »… j’étais très heureux (comme un gamin, je te jure !) !

    Alors oui, c’était dans un moment où ton regard était vide…
    Mais tu as souris (enfin je crois) et tu m’as clairement dit que de toute façon, tu ne pouvais pas abandonner.
    J’ai pu voir ton mental en action =) Source d’inspiration, indéniablement !

    Au plaisir de te recroiser sur des sentiers !
    Encore bravo champion !

    Aimé par 1 personne

    1. Aaaaaaah. Je m’en rappelle. Je crois t’avoir proposé de passer devant dans une montée Et tu m’as dit que tu préférais rester derrière 😂 J’ai Pas Trop compris sur le moment. Je me suis dit que tu avais du temps à perdre. En tout cas c’était cool ce petit moment !

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      1. AHAHAHA ! Oui, c’est moi ! Je venais de te récupérer à moitié endormi, posé sur un caillou au bord du chemin, j’avais peur que tu tombe =) Quand j’ai vu que tu râlais un peu, je me suis dis que t’étais en vie, alors j’ai pu passer !

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  2. Salut
    Tu dit dans ton recit , que les gens regardent les dossards rouges en les jugeant.
    En tant que dossard jaune, je me dis que j aimerais tellement avoir le niveau des gars en rouge…
    C est pas du jugement, c est juste du respect.
    Ma femme était bénévole à freydiere, elle m as dit , j ai vu un dossard rouge au bout de sa vie arrivé mais il avait un moral de dingue
    Et il est reparti, c ete toi
    (Elle avait noté ton dossard).
    Bravo

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    1. Hello. Oui. Le mot jugement n’est pas forcément péjoratif 🙂 J’aurai du simplement dire « observé » 😃 « Freydières » c’était rude. Je me rappelle du ravitaillement. Je voulais juste continuer, avancer et ne pas trop m’arrêter 🏃🏻

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  3. Sur la « triche mécanique » des bâtons. Non, ce n’est pas de la triche mécanique. ou alors à un niveau insignifiant. De la triche mécanique, c’est un vélo : il y a des systèmes mécaniques complexes pour démultiplier l’effort, des systèmes pneumatiques pour amortir les chocs, une roue pour ne plus fournir d’effort en descente, etc… Ou alors ça sera un système avec une batterie qui fournirait une poussée sur le bâton. Mais là, ce n’est pas le cas. Le bâton, c’est une répartition de ton effort, tu as toujours le même poids à trimbaler en haut de la montagne, mais au lieu de répartir sur 2 appuis, tu répartis sur 4. Certes, on pourrait le faire en se mettant à quatre pattes, on trichotte un peu, mais l’effort reste le même. Simplement, ce ne sont pas les jambes qui encaissent tout, les bras bossent un peu. Mais physiquement, scientifiquement parlant, y a le même poids à faire monter et descendre, et donc la même énergie à fournir (oui je ressors les cours de physique, tout est bon pour se mettre la tête dans le bon sens). Et ça fait un peu plus de poids à trimbaler, donc même à mon niveau de merde, j’ai réussi à accepter cette théorie pour me dire que je ne triche pas 🙂 (oui moi aussi, j’aime bien l’idée de la pureté de la course, etc… etc…).

    Et comme disait Murakami, la douleur est inévitable, la souffrance est optionnelle. Chacun a ses petits trucs pour éviter que la douleur soit souffrance, le principal est d’en avoir un. Moi c’est le copinage : la douleur n’est pas l’ennemi, puisqu’on va la chercher. C’est un compagnon de route. Quand elle arrive (et pour moi elle arrive bien bien bien avant toi :-P), je me dis « tiens salut, t’es un peu en avance là, ça va ? Le mari les gosses, bien ? » plutôt que « ohhh j’ai mal… ». Elle va faire des bornes avec moi, c’est une bonne copine donc je préfère cohabiter que d’être négatif. Tous ces ressorts mentaux sont bien nécessaires, sinon la souffrance débarque. J’aime bien l’idée à Kiki, mais je n’y arrive pas. Je préfère la balade à 2.

    Enfin, ne pas regarder la montre, je trouve ça bien aussi. C’est François D’Haene je crois qui conseillait aussi de ne pas regarder les chiffres tout le temps. Plutôt que de regarder et me dire « il reste 37km… Il reste 36km… Il reste 35km… », je regarde pas, et je pense à ce qui va arriver et qui est sympa : « allez, maintenant je vais à ce sommet, ça va être beau ». « Prochain ravito bientôt, ça va faire du bien » « Bientôt je vais revoir les potes ». Je connais bien sûr le kilométrage approximatif, mais je sais que quand c’est dur, si je regarde la montre, chaque km paraît interminnnnnaaaaaaaaaable. Donc je regarde plus. Je pense parcours, montagne, points de vue, bouffe, beauté, silence, paix, quiétude, abandon (de soi, pas de la course).

    C’est un ensemble de clés pour éviter de souffrir, on en a tous, un peu différentes, mais c’est toujours intéressant de les partager et de se les approprier à sa sauce non ?

    Un grand bravo pour cette course ! 🙂

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    1. Sur les bâtons.. les mots « triche mécanique » que j’utilise sont un peu forts c’est clair 😂 Je pense que je les utilise pour m’en préserver. Pour ne pas être tenter. C’est bizarre de se dire ça, mais je pense que si je finissais une Course Avec un Bon temps en ayant des batons, je dirais un « Oui. C’est Cool. Mais j’avais des batons aussi ». Un peu comme un collégien qui a eu une bonne note Et qu’il ne s’avoue pas qu’il avait « le droit d’utiliser ses notes pour le contrôle » 🙂 . Je ne sais pas trop pourquoi j’ai ancré cela en moi. Très certainement car mes exemples en terme de Trail utilis(ai)ent très peu les bâtons quand j’ai commencé à en faire (Antoine Guillon – Kilian). Après quand je vois ce que Xavier en fait depuis des années. Ça donne aussi Tres envie. Bref, on verra. Mais je pense qu’au fond, Courir Avec des batons n’aura pas le même goût pour moi 🙂

      Tout à fait d’accord avec Haruki. Ce n’est Pas tant douloureux.. que désagréable.

      Ah. J’avais entendu dire que François D’Haene n’utilisait presque pas sa montre. Je pensais que c’était simplement par habitude. Mais la logique de faire des montagnes/cols/montées/descentes plutôt que des kilomètres est globalement celle que j’ai.

      Merci pour les félicitations.

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  4. Salut,
    Ton récit me plait beaucoup pour plusieurs raisons. D’abord on est pas très loin l’un de l’autre (14ème sénior, 32h57 sans la pénalité Chamechaude). Ensuite j’y retrouve beaucoup de mes sensations et de mes motivations (le mode solo, l’engagement et le plaisir avant tout). J’aimerai réagir à plein de choses sur ton récit mais je vais me concentrer sur tes points d’améliorations, si jamais ça peut t’aider j’en serais content. Et je suis peut être limité en nombre de caractères ??
    Pour le contexte, je suis aussi parisien, j’en suis à 5 ans de trail après une carrière haut niveau en aviron et c’était mon 1er ultra. Mon retour perso est que j’étais vraiment bien préparé dans tous les domaines (physique, alimentation, sommeil, organisation) et je n’ai eu des soucis que sur les 15 derniers km (somnolence et petite blessure). Le reste c’était un régal.
    Bref, si je prends tes sujets dans l’ordre:

    Les bâtons = triche mécanique :
    C’est honorable mais si quelqu’un trouvais le moyen de courir avec la tête on ferait tous de la muscu du cou dans notre prépa. Autrement dit, on a la possibilité d’utiliser nos jambes ET nos bras, alors pourquoi s’en priver. Et tu l’as bien vu c’est un engagement physique supplémentaire (certes avec un objet pour nous y aider). Ce n’est pas de la triche à partir du moment où c’est autorisé et que tout le monde peut le faire. Au passage, ne pas mettre de bâtons dans les sacs base vie c’est essentiellement pour le risque de casse et de blessure des bénévoles. Je penses que tes bouts de bois sont légitimes ! Bref, mon but n’est pas de faire le débat bâtons/pas bâtons mais que tu fasses ce choix comme tout ce que tu fais dans le trail, AVEC PLAISIR et sans te tordre le cerveau là-dessus. C’est juste une autre façon de faire. Pour l’anecdote, je vais faire ma 1ère saison sans bâtons pour me préparer à la diagonale.

    Ton long passage à vide sur Belledonne :
    Je penses que c’est tout simplement les conséquences de ta stratégie (ou ta non stratégie?). Au vu de tes ravitos express et ta volonté de ne jamais faire de sieste, choix que tu assumes pleinement, tu sacrifies très certainement ces passages difficiles après 90km de course DE JOUR !! Donc à mon avis y’a pas photo, manque de repos + effort = le mur. C’est mon 1er ultra donc je n’ai pas beaucoup de recul. Mais ma stratégie (prépa sieste la semaine avant course, sieste assumée à Rioupéroux + sieste un peu subie à Saint Nazaire, soit 2*40min à ces ravitos) m’a fait passer Oisans, Belledonne et moitié Chartreuse sans aucune embuche (j’ai dû te frôler voir te doubler sur Belledonne/Chartreuse). Tous mes soucis sont arrivés sur la fin et encore ils n’ont pas durés longtemps (mais ils se sont enchainés…). J’ai en tête la montée du fort Saint Eynard où plus je m’engageais physiquement, plus le sommeil me prenait. Seul une pause improvisée et un gel ont débloqué le processus. Dans ton cas, tu es resté dans le cercle vicieux pendant 40km !! C’est long. Et à mon avis c’est ton meilleur axe d’amélioration sur cette course. En lien avec la gestion/connaissance du parcours (voir ci-dessous).

    Assistance or not :
    Je suis vexé ! Je suis dans le top 20 et je n’ai jamais eu d’autre assistance que celle proposée par l’orga. J’ai préparé mon barda et mes sacs base vie en conséquence et en ayant préparé ma stratégie de course. Comme toi je suis toujours en mode perso, à ne compter presque que sur moi-même. Jusqu’ici c’est aussi un peu ce que je recherche. Après, ça peut effectivement être un sacré coup de pouce moral, voir un petit gain de temps aux ravitos (mais bon là tu n’as rien à gagner visiblement) et clairement de très bons moments de partage. Piste à explorer pour moi aussi mais certainement un gros aspect préparation/coaching des assistants car faut pas rêver, on sait ce qu’on veut et quand on le veut et ça peut être perturbant/stressant de le laisser faire à quelqu’un d’autre. Par exemple, un truc tout bête, si tu fais des mélanges particuliers pour ta boisson, laisse-tu facilement un bénévole prendre en main la manip ? J’ai également en tête un dessin de « Des Bosses et Des Bulles » sur le père qui ramène un sac de rando plein à craquer comme assistance à sa fifille !! Caricatural mais représentatif. Bon tu l’as compris je n’ai pas de conseils à donner sur l’assistance mais de mon point de vue c’est un axe d’amélioration secondaire. Mais ça reste le meilleur moyen de partager son expérience, comme tu l’as vécu avec Claude le bénévole.

    La connaissance du parcours :
    Ah là je dis un grand OUI. Pour mon 1er ultra j’ai axé beaucoup la dessus et j’ai suivi tous les conseils vus sur internet : « Découper son parcours », « Une chose à la fois ». Je me suis donc fait 4 fiches plastifiées (1 par massif) avec le profil, les ravitos, les sommets et quelques chiffres sur les km, altitudes, le D+/D- de chaque portion, notamment les plus dures. Très Très utile pour anticiper la gestion, se concentrer sur une tâche à la fois et identifier les points les plus difficile, voire les durées de travail. J’ai ainsi opté pour la prudence parfois et pour l’engagement d’autre fois. Volontairement et sans subir. Pareil pour les phases de repos que je savais que j’allais faire. Psychologiquement ça passe mieux quand on le choisit plutôt que de le subir… comme toi sur Belledonne. Et ça été un de mes plus grands plaisirs sur cette course, la maitrise ! Pour la reconnaissance terrain je n’en ai pas fait mais j’ai 2 UT4M Master à mon actif. J’avais quelques repères liés à mes anciens mauvais passages, ce qui m’a permis d’anticiper certains points mais au final les moments durs sont assez indépendants du profil et de la technicité. Je n’avais pas identifié la monté du Saint-Eynard comme difficile, et pourtant… . Pour moi le côté reco c’est surtout avoir un peu de montagne dans les pattes avant de faire une course.

    J’espère t’apporter quelques pistes d’amélioration avec tout ça. Merci à toi pour ton récit qui est une bonne source d’inspiration pour mettre en relief mes points forts et mes erreurs. Ce qui me fait poser une question toute simple : mais à quel moment j’aurai pu aller le battre ??

    A bientôt sur d’autres parcours.
    Rémi Di Girolamo (dossard 432, signe distinctif : balise UT4M sur le sac)

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    1. Bon déjà Merci pour ce commentaire fourni 🙂
      -> Le « si quelqu’un trouvais le moyen de courir avec la tête on ferait tous de la muscu du cou dans notre prépa » m’a fait tellement rire 😂 Au final, je suis complètement d’accord avec ton avis sur les batons. Je viens de m’en acheter pour me tester avec dans le long. Je pense que ça peut m’aider à Bien avancer en montée Et économiser un peu (tant que possible) les jambes. On verra bien le résultat. Mais en soit, je pense que je suis beaucoup plus à l’aise sans rien. Et puis surtout, j’aime la liberté de mes bras en course.
      -> Sur le passage à vide, je fais la même analyse. Manque de sommeil (enfin de repos) selon moi. La question que je me pose (Et qui m’effraie à vrai dire) : « Suis-je capable de m’arrêter et de repartir ? ». J’ai au fond de moi une tendance à la flemme. Et si j’arrête, j’ai très peur de ne pas repartir. Je pense tester quelques fois des arrêts à l’entraînement pour couper une grosse doublette. Juste histoire de voir à quel point ça peut passer ou pas. (Ps : je me rappelle de t’avoir doubler avec ton balisage à un moment. Mais impossible de me rappeler quand. Dans Belledone certainement.
      -> Sur l’assistance.. Je ne pense pas pouvoir gagner tellement de temps sur ce genre de format (peut être un peu dans les bases de vie). Je pense que c’est sur des formats beaucoup plus rapide que cela peut être un plus. Sur les 60 à 80 Km.. Oú perdre 2 – 3 minutes à chaque fois te fait perdre 1 place à chaque ravitaillement au final.
      -> Connaissance du parcours, je le vois vraiment Dans le sens « connaître les virages traumatisant.. les rochers empilés difficiles à passer.. les descentes à fort % Et le moyen de Bien les passer ». C’est pas tellement le fait de savoir que telle montée fait 1.3 k de D+ et que je vais mettre 2:05 pour la monter. Sur ce dernier aspect, en Ultra j’ai plus l’impression que c’est la terre qui défile sous mes pieds, que moi qui avance dessus 😂 Oui. Je regarde un peu (relativement rarement) mon profil, mais c’est plus pour gerer mon alimentation que pour mettre en place une gestion « économie/engagement ». Au quotidien dans mon entraînement, j’ai l’impression d’avoir continuer à progresser de manière plus importante dans les secteurs que je connais. Ou je sais qu’il faut plutot passer à droite, à gauche, etc. Quand je connais pas un endroit, Meme si je fais Pas Mal de navigation pour prendre les meilleurs appuis, il y a forcément des erreurs à des moments. Et j’ai l’impression de payer ses erreurs sur la longueur.
      -> « mais à quel moment j’aurai pu aller le battre ?? » – As-tu trouvé la réponse ?

      Bonne prepa de la Diag’ (Et des Courses que tu feras avant). Un grand paloise de lire ton commentaire 🙂

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  5. Je t’ai pas vu de la course alors que j’ai couru à plusieurs reprises avec Thibault et que je finis 15e…c’est la qu’on voit que les stratégies de courses peuvent vraiment être différentes!!!( batons, arrêts prolongés aux ravitos). Content de finir dans tes temps tu seras une bonne valeur étalon 😉

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  6. Hello ! J’avais cru voir un calcul prédictif de ton chrono sur l’UT4M en prenant en compte l’influrence de la fatigue. Tu as construit ça tout seul, ou bien tu l’as trouvé quelque part ? Je suis intéressé pour voir comment le calcul est fait. Merci si tu peux me donne quelques infos.

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    1. Hello hello.

      Alors, j’ai fait le truc solo sur Excel. Rien de bien particulier.

      En gros je pars sur une vitesse moyenne que je me connais.
      J’applique les coefficients suivants :
      -> Coef de fatigue.. en fonction du km (proportionnel au cumulé) Avec un coef’ max qui me fait atteindre 50% de la perte de vitesse que je me connais.
      -> Coef de fatigue.. en fonction du dénivelé positif (proportionnel au cumulé) Avec un coef’ max qui me fait atteindre 50% de la perte de vitesse que je me connais.
      -> Pareil pour le D-
      -> J’applique des coefficients pour les parties nocturnes.. pour les passages de nuit à jour Et de jour à nuit.
      -> Je me rajoute du temps par ravitaillement.

      Franchement. C’est Rien de dingo 😉

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