Récit Trail du Mont D’or (44 km / 2245 D+) 05 h 04 min / 7ème au général (5ème Senior Homme) par Casquette Verte. 

« Le sport consiste à déléguer au corps quelques-unes des vertus les plus fortes de l’âme ». Cette citation de Jean Giraudoux colore bien ma pensée actuellement. Le rouge de ma motivation, le bleu ciel de ma courte expérience, le jaune de mon envie de réussir, le noir de mes sacrifices, l’orange de mon goût pour ce sport, le gris de mes inquiétudes et le vert de ma casquette ! Un magistral melting pot d’arc en ciel qui colore ma vie depuis maintenant presque 3 ans. Le Trail du Mont d’Or était pour moi un vrai test. Est-ce que toutes ces heures d’entrainement, tous ces sacrifices, toutes ces pensées solitaires vont payer ? Vais-je y arriver ? Vais-je performer ? Sans vous mentir, j’avais peur de ne pas prendre de plaisir. Peur de comprendre que je ne pourrais jamais percer. Suave était ma crainte ce matin avant de me lancer.

(Par avance, je m’excuse pour les photos. Je n’ai pas pu en prendre pendant la course. Donc j’ai googlé un peu pour illustrer mon récit. En vrai c’était plus beau que sur les photos 😉 ). 

La vidéo officielle de l’événement du Trail vient de sortir : Je l’ajoute ici :

Semaine d’avant course : 

Comme pour chacune de mes courses, je prépare mon corps à ce qui va lui arriver. Me voilà, lancé dans une semaine intensive de pâtes, riz et malto. L’enfer en terre gastronomique. Mais bon, il faut ce qu’il faut. Je ne sais toujours pas si cela marche. Mais en tout cas, dans ma tête oui. Si je ne le faisais pas, je pense que je prendrai le départ avec un réel handicap. Un handicap mental. Qui n’a jamais eu un petit grigri ? Un caleçon fétiche ? Un bracelet porte bonheur ? Je n’irai pas jusqu’à la patte de lapin.. mais bon, vous m’avez compris. J’en ai besoin. Tel l’ivrogne qui voudrait faire croire qu’il n’a pas besoin de compagnie, je me bourre aux glucides pour oublier mon triste physique de lâche. ET CA MARCHE ! J’oubli mes petits bras, mon ventre sans abdos, mes pommes d’amour. Tout, tout, tout, je laisse tout au vestiaire, et je pars conquérir mes rêves.

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Samedi : Jour d’avant course.

Il est 16h30, quand je décide de partir chercher mon dossard à la station. Ah, oui. Vous ne connaissez certainement pas Métabief. Charmante « petite » (si je n’avais pas mis les guillemets je pense que les locaux m’auraient banni de toute participation dans le futur) station de ski l’hiver, et de VTT l’été, dans le Jura Français. Plus précisément dans le Hauts-Doubs, en Franche comté (Roule tout doux dans le 25.. Lève ton verre et trinque !). Depuis maintenant cinq ans, la station organise le Trail du Mont d’Or. Plusieurs courses et randonnées sont proposées pour tous les niveaux. Dont, la course phare : Le 44 km – 2245 D+. Cette course a pour parrain, le champion international (double vainqueur de l’UTMB) local de l’étape : Xavier Thévenard. La station a même créé un espace Trail dans la montagne portant son nom (La classe à Dallas !).

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Me voilà, donc à la station. J’observe de loin les personnes qui viennent rechercher leurs dossards. Je ne sais pas si c’est par ce que c’est la fête des pères le jour de la course, mais il y a très peu de compétitrices et beaucoup plus de pères de familles accompagnés de leurs enfants. Il y a clairement un esprit trail familial qui rôde par ici. C’est assez agréable. Les gens ne se regardent pas comme des compétiteurs. C’est vraiment à la cool.

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Je file sous la tente pour récupérer mon dossard. Pas de prise de tête avec la paperasse. On donne son nom, son prénom, les bénévoles sont sympas et font confiance.

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Je suis dossard N°3. NON ! Je ne suis pas classé élite. C’est juste que je me suis inscrit le premier jour. Voilà. Dommage pour moi. J’avoue, avoir un dossard à un chiffre, c’est classe. Je me pavane en dehors de la tente avec mon dossard à la main.. tel un enfant qui veut montrer son prestige. Dans l’autre main, le cadeau de l’organisation : UN FROMAGE ! Plus précisément, le Metsi. Un fromage au lait cru du coin. Je trouve ça super original. Ca vaut bien 100 bonnets de la SaintéLyon trop petits (souvenir STL 2015). Me voilà donc, fromage à la main, faisant le tour des stands. Je me dis, que je vais le garder pour plus tard. Il me donne super envie, mais demain il y a course.

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Je pose mes affaires dans la voiture, et retourne sous la tente. Je veux regarder la carte du parcours. Je connais très bien les montagnes du coin, mais j’ai peur de me perdre. En course, ma vue se dégrade rapidement après quelques kilomètres. Je n’ai vraiment pas envie de me perdre. Cela serait Balo !

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Il est 17 h 10. Il y a une course qui commence dans 20 min. Un kilomètre vertical. J’en ai beaucoup vu sur Youtube et sur Instagram, mais jamais en vrai. Je fais le choix de m’avancer sur le parcours pour mieux voir les participants. Je veux me caler dans la plus grosse difficulté, au milieu de la Renversée (une des deux pistes noires du domaine).

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Ayé. Je suis parfaitement placé. Au coeur de la Renversée. Je n’ai plus qu’à attendre le passage des warriors. Rien qu’en faisant le chemin en marchant, je me suis bien rendu compte de la difficulté de ce type d’épreuve. Un jour, j’essaierai. Mais pas aujourd’hui. Demain, il y a un 44 k à faire.

Ils arrivent. Je suis assez impressionné. Ils montent à fond. Droit dans la pente. Peu de sourires sur les visages. Les yeux sont concentrés sur la pente. Les bras aident à grimper. J’ai beaucoup de respect pour les compétiteurs. J’attends que les derniers passent pour partir. Ce fut bref, mais intense. J’ai adoré !

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Je rentre au chalet. Il faut que je prépare mes petites affaires. Je fais comme à mon habitude, ma petite photo traditionnelle. Un carré trailistique de 1 sur 1. Un concentré de fringues, chaussures, sacs et d’alimentation de course. Comme à chaque fois, je le sais, j’en prends trop. J’espère que demain matin, l’esprit un peu moins excité, j’enlèverai quelques éléments pour voyager plus léger.

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Dernier plat de riz et au lit. Se coucher à 21 h, l’été, alors qu’il fait encore jour dehors. c’est clairement compliqué. J’aurais bien aimé regarder le couché de soleil. Il est si tendre à cette saison. Ma motivation me pousse à le précéder. Aller au lit mon petit !

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Matin de course 

Réveil 06 h.

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Mes affaires sont prêtes. J’enfile ma casquette et je file voir le temps. Il fait super beau. Un peu froid, mais les nuages ne sont pas de la partie. Les sapins d’en face qui s’agitent n’annoncent rien de bon. Je suis pile poil à 1000 mètres d’altitude. Et quand, il y a du vent à 1000 mètres, c’est clairement la merde à 1500 mètres. Je décide d’emporter mon coupe vent. Il me servira peut être.

J’avale deux Pitch aux pépites de chocolat, deux grands bols de thé. Petite douche. Je suis prêt.

07h15. Départ du chalet.

Tel le bon élève qui a bien préparé toutes ses petites affaires pour la rentrée, je descends l’escalier qui me sépare de la voiture. J’espère n’avoir rien oublié. Arrivé en bas des dernières marches, je fais le tour de ce que j’ai besoin pour courir. Mon short : OK. Ma montre : OK. Ma casquette : OK. Les gels et Krema, j’ai vérifié avant de partir. Tout est OK. Enfin.. presque. Je me fige. Je regarde ma main droite, ma main gauche.. J’ai oublié mes pompes putin ! Le champion. Ca commence !

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Sur la route jusqu’à la station, je passe sur une voie qui permet de regarder le Mont D’Or. Je ralentis. 3ème. Seconde. Première. Je suis en ralentie moteur. Mes yeux se fige dans la montagne. Je me dis qu’aujourd’hui je vais l’affronter. Que je serai sur elle.. je me sens tout petit devant cette poupée, qui donne des frissons quand on la regarde.

J’arrive à la station. Je me gare et je file vers la ligne de départ. Il y a un vent de boeufs. J’ai bien fait de prendre mon coupe vent, même si je sais que 800 mètres après le départ, cela sera roulage en boule et hop dans le sac.

08h50. SAS de départ :

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Je me place à l’avant du SAS. Non, pas que je veux partir vite, mais j’aime de moins en moins piétiner sur le départ et voir l’avant de course s’éloigner. Sur ma droite, je reconnais le vainqueur de l’an dernier. Dans ma tête je me dis qu’il faudrait que j’arrive à le suivre un peu. Ne serait-ce que pour se dire que j’ai partagé ma course avec la sienne.

5 minutes avant le départ.

Les consignes de course sont données. J’écoute attentivement. RAS. Je retiens juste qu’il y a eu du débalisage et que l’organisation a rebalisé avec des rubans d’une couleur un peu différente. Ca me fait flipper, mais ok.

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Le speaker annonce les 10 secondes avant le départ.

10 Je sautille

9 Je fais des mouvements de footballeur à l’échauffement (étrange)

8 Je me dis que cela serait bien de réussir mon départ pour une fois

7 Le mec devant moi a des mollets bretzel.. autrement dis, ses mollets n’ont pas poussé.

6 Celui de gauche, c’est autre chose par contre.. un vrai terminator

5 Aller, on se concentre.. Courir c’est simple.. un pas devant l’autre.

4 Je respire par le nez..

3 Je prends le temps de sentir mes inspirations passées le long de mon entre narine.

2 Le mec devant moi se met en position de départ de 10.000 mètres.. On se calme speedy gonzalez

1 Oh.. il y a un caméraman sur un Quad 10 mètres devant.. Faut que je parte avec de l’allure

0… HIIIIIIIHA ! ENFIN ! Ca libère. C’est parti pour 44 km de plaisir.

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Copyright : Vidéo Trail du Mont D’Or – Betrained Production : https://vimeo.com/222307393

La Course 

Départ.

Je pars en 40ème position à peu près. Ca part très vite devant. J’ai pas envie de me retrouver dès le départ dans le groupe des poursuivants. J’accélère un peu sur le faux plat. Je me faufille. Me voilà 20ème. Je regarde les paires de chaussures autour de moins. Je suis le seul en crampons un peu hard Speedcross 4.. Sur le bitume c’est pas dingue, mais je me dis que plus tard cela sera pas mal. Les autres ont plutôt des chaussures plates. Leurs pas caréssent le bitume comme des pas de félins. C’est assez sympa à écouter.

Les premiers mètres ont été rapides. Mais ce n’est pas non plus parti au sprint comme sur certaine course. Ce départ cadencé m’a permis de bien me placer pour la première difficulté, 200 mètres après le départ. Une montée tout en bitume, que je connais bien. Le vent souffle fort. Doublant les coureurs sur cette portion, je ne peux pas m’abriter derrière un grand bonhomme. Pas grave. Je suis frais. Il faut faire chauffer la machine.

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Copyright : Vidéo Trail du Mont D’Or – Betrained Production : https://vimeo.com/222307393

A la moitié de la montée, je suis en 7 ou 8ème position. Je pense à ce moment là que je pourrais dire à la fin, que j’ai fait le début de course devant. Ca sera la classe. Enfin, je serai content quoi !

En haut de la première butte, un 100 D+ sur un kilomètre je ralentie un peu. On tourne sur la gauche pour quitter la route et rejoindre une petite route de tracteur assez plate. J’ai déjà trop chaud. Je décide de m’arrêter pour enlever mon coupe vente et le mettre dans mon sac. Je reprends la course. J’accèlère un peu pour rejoindre le groupe de tête. Une trentaine de coureurs. Le trou avec le reste des participants s’est déjà fait. Je prends le rythme.

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Copyright : Vidéo Trail du Mont D’Or – Betrained Production : https://vimeo.com/222307393

On rentre dans des petits chemins de sous-bois. Pas mal de racines et de cailloux au sol. J’essaie de ne pas me bouffer de branches de sapins séchées posées au sol. Ca avance bien. Il y a quelques femmes avec nous. Ca fait plaisir.

Km 2.

En bas d’un chemin, nous prenons sur la droite par un tronçon qui remonte. Je ne regarde pas le balisage. Le groupe est dense. On ne peut pas se perde. On suit le flot qui avance à bonne allure. Descente sèche, atterrissant dans un peu de boue. ENFIN. Mes chaussures étaient trop propres ! On rejoint une route. Je suis un peu déçu. Je voulais faire un max de chemins en sous-bois. Et là, se prendre dès le départ des grands bouts de bitume qui montent, c’est pas super cool. On continue un bon kilomètre sur cette route. J’ai perdu pas mal de places. Je suis à l’arrière du groupe de tête. Etrangement, nous avons fait un gros trou avec les poursuivants. En me retournant, je ne vois personne à 200 mètres. Je commence à chercher du balisage. J’en vois un au loin. C’est pourtant le bon chemin. Et puis, je me dis que si le mec qui a gagné l’an dernier est devant, il n’y a pas de soucis à se faire.

La route bitumée tourne légèrement sur la droite. Je ne vois plus la tête de course. Tout à coup, les voilà. Revenant vers moi. Je comprends ce qu’il se passe. Nous nous sommes plantés. ALLER !! 2,5 kilomètres de plus pour le plaisir ^^. Nous faisons demi-tour. Ceux qui étaient premiers me doublent à toute vitesse en sens inverse. Ils ont l’air un peu énervé. Personnellement, cela ne me fait ni chaud, ni froid. Cela fait partie de la course.. et puis ça fera des choses à raconter. Demi-tour effectué. Nous ne croisons personne. Les poursuivants n’ont pas du se planter. Mes rêves de classement sympa s’éloignent.

Retour à la bifurcation avec la boue, nous prenons sur la droite dans un chemin qui descend pas mal. Je ne suis pas encore chaud. La descente m’est douloureuse. Les grosses pierres à éviter n’arrangent rien. Au bout de 400 mètres, j’entends au loin un BOOOOOORDEL ! On s’est encore planté de chemin. Demi tour. On remonte le chemin. La rage d’avoir fait 3.5 km de plus et d’avoir perdu 15 / 20 minutes aide à courir. On rebrousse chemin totalement pour retrouver nos traces.

En avançant.. en arrière.. nous entendons au loin le klaxon du quad. Il doit se foutre de notre gueule. En passant à côté de lui, je lui dis « Baaaah on s’est dit que c’était sympa par là bas ». Il rigole. Un peu plus loin, je repère deux filles de l’organisation. Je souris bêtement en arrivant à elles. Tout cela me fait bien marrer. Un autre trailer (que j’appelerai le ragueux), leur sort un « 50 balles pour ça.. c’est scandaleux ! ».. J’essaie de le calmer en lui disant que ça fait partie de la course, que c’est pas grave n’ont plus. La course n’est pas fini. Ok, ça fait chier. Mais c’est pas la fin du monde. Il accélère.

Km 6 (à mon chrono).. Km 2.5 en vrai.

Je suis officiellement DERNIER ^^ Ca fait même pas 30/35 minutes que l’on est parti et je suis dernier. Autant dire que ce n’est pas le début de course que j’espérais. En plus, les mecs qui étaient avec moi dans le groupe de tête foncent comme des dingues. Je n’en vois bientôt plus qu’un seul. 200 mètres devant moi. Et il cavale. Impossible de le rattraper.

Hôpitaux-Neufs : Km 4 (en vrai, je pense).

Je suis en haut du fameux escalier. Toujours bon dernier. En regardant la place en bas, je repère 2 ou 3 coureurs au loin. L’espoir renait. J’ai un peu de mal à descendre élégamment cet escalier. Les marches sont trop longues pour les faire deux par deux, mais trop courtes pour mettre de la vitesse. Je gambade tel une petite biche sautillante. Les organisateurs en bas de l’escalier rigolent. Tu m’étonnes.

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Copyright : http://www.kikourou.net/recits/recit-14749-trail_du_mont_d_or-2013-par-tidgi.html

Je traverse la place à fond. Les supporters présents portent sur moi un regard étonné. Pour moi, il y a trois options : Soit ils se disent que j’ai décidé de partir en dernier juste pour le kiff.. soit ils se disent que je suis arrivé en retard pour le départ.. soit ils ont compris que je me suis perdu. Trêve d’hypothèses. Je fonce pour rattraper des coureurs. Nous tournons sur la droite pour quitter la ville. Ca monte dans un sous-bois, et il y a quelques coureurs qui se sont mis à marcher. NICKEL. Je monte en courant. J’en dépasse trois. YALLAAAAAAAAAAAA ! Je ne suis plus dernier. Ca se fête. VODKA.. non juste un petit coup d’eau.

On traverse la voie rapide. Je ne connais pas ce coin. Dommage pour la découverte, je n’ai pas le temps, je cours maintenant.

Km 5.

Début de la première petite difficulté. Un + 250 sur 3 km. Avec mes 9 km dans les pattes, je suis chaud. Je peux envoyer en montée. Je marche à de rares moments pour reprendre mon souffle. Sinon c’est full course dans la montée. Je suis vraiment à l’aise dans le dénivelé maintenant. L’entrainement paye. C’est agréable.

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Copyright : Laurent Briere Photographe.

Km 8. Chalet de la Champagne.

Pas trop de souvenirs de cette montée. Tout ce que je me rappelle, c’est que j’ai envoyé. J’ai pas mal doublé. Ca fait du bien au moral. Arrivé au chalet de la Champagne, pas mal de coureurs marchent pour finir la montée. Moi ça tourne bien.

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Copyright : Vidéo Trail du Mont D’Or – Betrained Production : https://vimeo.com/222307393

Je recroise l’ami un peu rageux. Je le double, et je continue. Maintenant, c’est parti pour 5 kilomètres de descente pour rejoindre le premier ravito. Je me rends compte que je ne bois pas assez. Mes gourdes sont presque pleines. Je ne veux pas revivre des crampes, alors je me force à boire.

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Copyright : https://sites.google.com/site/traildumontdor/parcours/trail-du-mont-d-or

Dans la descente, rien de particulier, je reprends mes réflexes de doubleur.. « J’arriiiiiive » « Je passe à gauche » « Je passe à droite » « Merci merci ». J’ai du doubler 70 coureurs dans la montée et j’ai du en doubler une grosse cinquantaine dans la descente. Même si je sais que 4 km de plus, ça se paie à un moment ou à un autre, je suis plutôt content.

Km 13. Ravito N°1.

En voilà, un ravito comme j’aime. Une simple table. Quelques bénévoles dont pas mal d’enfants, de la bonne humeur… Parfait. Je fais remplir par une jeune fille mes deux gourbes.

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Copyright : Vidéo Trail du Mont D’Or – Betrained Production : https://vimeo.com/222307393

Je discute avec une jeune femme compétitrice. Elle me dit qu’elle à + 4 km au ravito.. Je regarde ma montre.. + 4 aussi. Youpi ! On est tous dans la même m*rde :D. Ca fait du bien de ne pas se sentir seul la dedans. Je repars du ravitaillement en remerciant les bénévoles et en leur souhaitant un bon dimanche. C’est reparti. Je cours. Et puis maintenant c’est le fameux Suchet qu’il faut se grimper.

Km 13 à 18 : La montée vers le suchet.

Là. On passe aux choses sérieuses. Objectif, le Suchet : 1588 mètres. Sachant que nous sommes en bas, vers 1000 mètres je pense, ça va faire un peu de dénivelé tout ça.

Première partie. Cela monte raide. Je suis à l’aise. J’arrive à courir assez souvent. Je continue à bien doubler. Dans ma tête, je me dis que j’ai du rattraper mon objectif de finir dans le TOP 100. En vrai, je devais déjà être dans le TOP 60. Le décor est magnifique. Je comprends bien le slogan « Jura : terre de Trail ».. J’en prends plein les yeux dans la montée. Et puis les chemins sont parfaits. Techniques comme j’aime. Vous voulez des racines.. vous voulez des bons gros cailloux.. vous voulez des arbres qui ont décidé de pousser au milieu des chemins.. Voilà.. vous les avez.

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Dans une section en montée surplombant la section précédente en zig zag, je me rends compte que j’arrive à mettre pas mal de distance rapidement aux autres coureurs. C’est rassurant sur mon état de forme.

Nous arrivons en haut de la première partie de la montée. On entre dans un vaste champ alpin. Sans m’en rendre compte, je suis passé en Suisse. Hiiiha. Mon premier trail à l’étranger ^^. Bon.. l’étranger accueille mal. Il y a un zèffe de dingo ! Et puis dans une longue ligne droite en faux plat, un bon vent de face, ça calme. Aucun coureur devant moi pour m’abriter. Juste un à 150 mètres devant. Je file contre le vent. La fraicheur est agréable, mais cela me freine un peu. Je rattrape rapidement le coureur. Il y a trop de différentiel de vitesse pour rester derrière lui à l’abris. Je le double. Au bout de la ligne droite, quelques supporters au milieu de nul part. C’est agréable.

On repart en sens inverse.. le vent est favorable maintenant. C’est le kiff. Bon ça aide, mais le faux plat s’élève un peu.. un peu trop. J’arrive encore à courir vite, mais ce n’est pas non plus glorieux comme allure.

Devant moi, quelques vaches sur le chemin. En arrivant au niveau de la première, je tends ma main pour lui caresser le museau. Elle baisse tendrement la tête vers moi. Petite tapouille et je file. Les autres vaches un peu plus loin semblent un peu plus flippées par mon allure de marsien trailer. Elles se mettent à courir devant moi. C’est assez drôle comme moment. Je cours un trail avec un troupeau de vaches ! TOUT VA BIEN !

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Copyright : Vidéo Trail du Mont D’Or – Betrained Production : https://vimeo.com/222307393

Dernier gros bloc de la montée vers le Suchet. Là, cela ne rigole plus du tout ! C’est bien droit dans la pente. Je monte de manière très fluide. Je double quelques coureurs qui calent dans la montée. J’y vais comme une brute. Je suis au taquet. J’ai déjà fait ce chemin en rando avec mes parents étant petit. Ca m’avait paru tellement long. Mais là, ça se passe bien. Même très bien. En regardant vers le haut, je vois au bout d’un moment la clarté traverser les arbres. C’est presque la fin.

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Copyright : Vidéo Trail du Mont D’Or – Betrained Production : https://vimeo.com/222307393

Dernier monotrace dans la forêt. Je vois le bout. Quelques gros rochers à grimper sur la droite. Je distingue enfin le sommet atypique du Suchet. Un espèce de Tétraèdre régulier perché sur quatre pattes. Aucune idée de l’utilité de ce truc. Mais c’est original. Il n’y a plus d’arbres sur les derniers mètres de la montée. Une belle prairie alpine dans laquelle j’aimerai me rouler. Alpine. C’est bien le mot. Je me retourne pour regarder le paysage. C’est fabuleux ! Nous avons une vue totalement dégagée sur les Alpes. On s’y croirait. Je reconnais le Mont Blanc. Il est beau. Majestueux. Ca fait du bien de le voir ailleurs que sur une bouteille de flotte. Je me dis que dans 2 mois et demi, cela sera là bas qu’il faudra courir… aaaaaah ça va être quelque chose cette CCC. Je retourne dans ma course. 15 mètres et je suis au sommet. Un mec de l’organisation, note les numéros de dossards. En regardant le mieux, je me rends compte que j’ai perdu une épingle. Con de vent ! J’espère que les autres ne vont pas se détacher. Sur le sommet, un caméraman. Comme à mon habitude, je fais l’idiot. Et c’est reparti. Droit dans la descente.

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Copyright : http://marsuline.canalblog.com/archives/2010/10/07/19307729.html

Km 19. Descente du Suchet.

Comment vous décrire cet endroit.. ce moment.. c’était tout simplement magique. Imaginez un champ d’herbe rase qui tombe vers un horizon précipice. Relevez légèrement les yeux. Sur votre droite, les falaises de Piquemiette.. de longs blocs rocheux qui tombent sur 100 mètres verticalement. Sur votre gauche, l’immensité de la plaine helvétique parsemée de villes et de champs. Relevez encore les yeux. Devant eux, la chaines des Alpes. Toute entière. Toute magnifique. Toute majestueuse. Le Mont Blanc droit comme un I. Puis, enfin, lachez votre tête en arrière pour observer le ciel. Un ciel bleu. Pas le bleu de Paris. Du vrai bleu. C’était vraiment beau. Bref, pas le temps de prendre des photos. Ca court fort par ici. Tout le monde envoie en descente.

(La photo illustre mal la beauté de l’instant. C’était tellement plus beau à ce moment là). 

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Copyright : https://photoblog.randonneurs.ch/showalbum.php?albumid=20160905214822

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Copyright : Vidéo Trail du Mont D’Or – Betrained Production : https://vimeo.com/222307393

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Copyright : Vidéo Trail du Mont D’Or – Betrained Production : https://vimeo.com/222307393

Comme à mon habitude, la descente, c’est pas mon truc du tout. Je me fais doubler sévère et distancer rapidement. La pente est trop forte pour que j’envoie du lard. C’est pas grave, je me concentre pour ne pas chuter. En bas de la pente, 100 mètres devant moi, j’entends un sale bruit de chute. Je cavale pour rejoindre l’homme qui a chuté. Il s’est bien vautré purée ! Je m’arrête à son niveau. Je l’aide à se relever. Il est sauné. Il prend du temps à répondre à mes questions. Il me montre sa poitrine. Je soulève son t-shirt pour regarder la blessure. Je pense qu’il s’est vautré en avant. J’observe sur le haut gauche de son buste deux traces bien égratignées. Un peu plus haut, au niveau de l’os qui part de l’épaule (oui.. je sais pas comment il s’appelle celui là.. et puis j’ai la flemme d’aller chercher sur google), il a un beau petit impact. Cela ne semble pas cassé du tout. La blessure est blanche. La chair est bien ouverte, mais je pense que cela va. Je lui propose de l’eau et lui demande s’il veut que j’avertise les prochains bénévoles. Il me dit que non. Je repars en lui souhaitant bon courage et en voyant qu’il a repris ses esprits. 800 mètres plus bas, la sécurité civile est là. Je les préviens tout de même.. et j’enchaine.

Je ne suis pas descendu à 100 à l’heure, mais pourtant j’ai ressenti l’effet de la pression dans mes oreilles. C’est la première fois que j’ai besoin de décompresser mes oreilles sur une course. En voiture, cela arrive en descendant vite, mais à pied, cela ne m’était jamais arrivé. Drôle de sensation. Une de plus à ajouter dans mon classeur des ressentis de course.

Km 20.

Maintenant, je peux me détendre un peu. Ce sont de grands chemins blancs, super roulants qui se dressent devant moi. J’accèlère à nouveau. Je reprends mon rythme de course à l’entrainement. Et puis ça descend donc ça aide. Ca fait du bien de courir 3 km sans trop avoir à réfléchir. Courir avec ses jambes.. plus avec sa tête.. le bonheur du trailer !

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Copyright : Laurent Briere Photographe.

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Copyright : Laurent Briere Photographe.

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Copyright : Laurent Briere Photographe.

Je double encore quelques coureurs. Ce type de pente est vraiment super pour moi. Ca m’aide à retrouver mes jambes. En face de moi, je reconnais la Dent de Vaullion. Même si je cours après, ça fait passer le temps.

Km 23.

Retour en France. Je ne m’en rends pas trop compte encore une fois. De toute façon, je suis bien. Donc frontières ou pas frontières.. Je file. Je sais que je ne suis plus très loin d’Entre les Fourgs. Ca va faire du bien de repasser dans une petite ville.

Km 24.

J’entre à toute vitesse dans le village. Les Brûle-loups (le nom des habitants d’Entre les Fourgs) sont au taquets ! Et vas-y que je crie.. et vas-y que tous les habitants du village agitent des cloches. Ca fait beaucoup de bien. A la sortie du village, je suis un peu perdu. Deux papis m’indiquent le chemin. Merci les papis 😀

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Là ça redescend rude. Un monotrace en zigzag avec un bon dénivelé. Je suis littéralement seul. Personne devant. Personne derrière. Pause pipi ! Youpi !

Km 26.

Petit passage sur le bitume. Je croise un bénévole. A mon habitude, je lui souhaite un bon dimanche.. il rigole et me dit « Bonne continuation »… Ahhhhh toi t’es suisse !

Un peu plus loin, quelques supporters ! Dont un enfant.. avec un maillot du PSG !!! T’es un bon toi ! Alors que la famille me lancent des bravos, je lui lance un gros.. AAAAAAA..LLEZ PARIS !! Il rigole. C’est cool.

Fin du bitume. Ca va monter sec jusqu’à Jougne maintenant. Je cours dans tout le début de la montée. Un supporter ultra bouillant m’encourage tel un Ultra du virage Auteuil du Parc des Princes. C’est un bon lui aussi :D.

En bas de la montée, je parle avec un autre coureur. Il me demande si je connais cette portion. Je lui dis que non.. il me répond. Ahhh. Tu vas voir. Ca pique !.. Dans ma tête je me dis COOOOL.. Ayé je suis masochiste ! C’est officiel. J’enchaine bien dans la montée. Au milieu, je rattrape un coureur qui faisait partie du groupe de tête de course au tout début. Il est super affuté.. Il doit avoir un certain nombre de courses dans les jambes. Je m’attarde sur son sac Salomon rouge. Sous le sigle Salomon je vois le mot TORRES. Je me demande pendant 3 minutes, si c’est pas un mec sponso.. genre un espagnol sponsorisé Salomon et qui a un sac personnalisé. Je me dis que je vais discuter avec lui en espagnol.. Holà. Que tal ? Como se pasa el Trail para tu ? … Oui, bon mon niveau d’espagnol n’est plus ce qu’il était. Je suis dans ces talons depuis 3 minutes. Je veux le doubler. Mais je n’ose pas le déranger.. et puis s’il ne comprend pas le français, ça va pas être simple. Au moment, où je me dis que je vais le doubler avec un gros QUE TAL ?, il se retourne légèrement et me dit : « Tu veux passer ? »… Ahahahha. Oui. Merci. Bon, ok. Je me suis un peu inventé une histoire. Mais ça se trouve c’est un espagnol qui a fait son erasmus à Besançon ? Peu probable.. mais laissez moi rêver !

Km 27.

J’enchaine à fond dans la fin de la montée. Pleins de racines.. je bondis.. pleins de cailloux.. je virevolte. Tout va bien. J’entre dans Jougne. Je me demande où est le ravito. En traversant la grande route qui mène à la Suisse, les bénévoles annoncent le ravito dans 400 mètres. C’est ça que c’est bon ! J’accélère encore pas mal.

Km 28. Ravito n°2.

Je ne veux pas perdre de temps. En arrivant sur le ravitaillement, je prépare mes gourdes. Un enfant vient vers moi. Il remplit ma première gourde. Je l’avale sur le champ. Je remplis mes deux gourdes. Le gamin me dit que nous sommes dans les 20 premiers là. J’hallucine total. J’ai peur de ne pas avoir bien compris ce qu’il m’a dit. J’aurai déjà doubler 175 personnes ? Plausible. En partant, je remercie les bénévoles.

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En quittant le ravitaillement, je retrouve la jeune femme du premier ravito (elle finira deuxième). Nous parlons un peu des kilomètres parcourus en trop au départ. Nous espérons simplement que cela ne nous arrivera plus.

Un peu plus loin, en quittant Jougne, nous ne repérons pas le balisage. Nous faisons demi tour. Ca y est, ça recommence ! Heureusement, un voisin (tranquillou en terrasse) nous indique le chemin. Merci monsieur. C’est reparti.

Km 29.

Ca redescend. Bizarre. Je pensais qu’on allait attaquer la montée finale sur Piquemiette. J’accèlère. Je double 4 ou 5 trailers. Je commence à compter mon classement. Mon esprit de compétition revient. La descente plonge vers les Tavins.

Km 30. Les Tavins.

Les supporters sont de plus en plus entrainés. Ca sent l’avant de course. C’est génial.

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Nous sommes à 895 mètres.. et maintenant c’est parti pour la montée jusqu’au Mont d’Or (1463 m). Ca va être sympa tout ça.

Nous passons tout à côté d’un abreuvoir (pour les vaches je suppose). Je glisse ma Casquette dedans pour récupérer de l’eau. Je m’empresse de la remettre sur la tête. L’eau fraiche glisse sur ma nuque sèche et salée. C’est très agréable.

La montée est en sous bois. Heureusement, car il commence à faire super chaud. C’est un single, mi-terre/boue, mi cailloux dans la gadoue, mi branches de sapins sèches.. Ca fait trois mi.. ok. Revenez en arrière et changer avec des tri.. c’est moins bien ? Bon ben voilà !

Je grimpe bien. Je double encore trois trailers. Je commence à rêver à un TOP 15.

Km 32.

Nous sommes maintenant sur les pistes de ski de Piquemiette. Des chemins de pierres blanches ne sont pas pour moi super agréables pour courir. Et puis ça grimpe. Et puis il fait super chaud.. Oui.. je râle un peu.. et alors ? J’ai le droit maintenant. Sur le moment, j’adorais pourtant.

Nous sommes sous les falaises impériales du Mont d’Or. C’est juste incroyable comme décor.

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Devant moi, au loin, un trailer en blanc assez grand qui marche en montée; et une jeune femme qui grimpe en courant. Elle est assez incroyable à courir dans ce genre de montée.

En revenant sur eux, je vois assis à l’ombre un trailer qui s’est arrêté. La chaleur a semble-t-il trop tapé. Je ne m’inquiète pas pour lui. Il a juste besoin d’un peu s’arrêter.

Je rattrape le grand trailer en blanc. Je sens qu’il n’a plus trop de jus. Je discute rapidement et je continue ma montée.

Au bout de 2 ou 3 minutes, j’arrive à rattraper la jeune femme (qui finira première).

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Je lui demande comment elle fait pour courir dans ce genre de montée ?.. Elle me réponds.. Et toi alors ?.. Pas con. On finit la montée de Piquemiette ensemble. En bas de la piste noir, je croise les doigts pour qu’ils ne nous fassent pas monter le petit bras super raide. On file tout droit. Cool. J’avais vraiment pas envie de me le faire, main sur les cuisses, en faisant attention à ne pas soulever trop de pierres pour les coureurs derrière. Derniers mètres dans la montée. Je vois un groupe de 4 trailers. Cela m’étonne. Ils courent beaucoup moins vite que moi. C’est louche.

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A la fin de l’ascension, nous rejoignons la piste verte que je connais par coeur. Ca descend bien. Je vais pouvoir envoyer.

Km 34.

J’envoie bien dans la descente. Je recroise pas mal de coureurs. En me retournant, je vois que la couleur du dossard n’est pas la même (verte je crois). Je comprends mieux. Je continue, sans trop réfléchir. La descente est assez longue.

A la fin, nous tournons sur la droite pour repasser en Suisse. Et là c’est le début d’une sacrée montée : 3,5km et 350m de dénivelé. Je rentre dedans avec beaucoup d’entrain. Les deux premiers kilomètres se passent bien. Le dernier est beaucoup plus dur. Je cale 10 secondes dans une montée avec un trop gros pourcentage. Je respire et je repars. Ca va le faire.

Sur les derniers mètres de la montée, je sens que je suis au bout de moi même. J’ai tenté de relancer en courant sur 200 mètres. Je sens le sang afflué dans les vaisseaux de ma bouche. Ma bouche a un goût de sang. C’est assez étrange comme sensation. Je me dis que mon corps fonctionne à 200 %. Pour me le rappeler, j’entends au niveau de l’arrière de mes tempes mon rythme cardiaque sonner. Spouuum Spouuuuum Spouuuum. Un bruit sourd. Interne. Puissant. Un peu flippant, je vous l’accorde. Je ralentie un peu pour ne pas avoir de pépin.

Km 36.

En bas du Chalet Bellevue, je croise un autre supporter. Je lui souhaite un bon dimanche.. il me sort un beau « Pareillement ». Supporter suisse number two !

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Cette montée sur le chalet Bellevue.. Je la connais par coeur. Elle ne me fait pas peur. Je la grimpe comme un petit chamois. Zliiiiip sur la droite… Zliiiip sur la gauche.. Zliiiiiiip sur la droite.. et PAF je suis en haut.

Un mec de l’orga note mon dossard. Il me dit 9ème. Je n’y crois pas. Cela me motive à fond. Je traverse la frontière pour retourner en France. Et là je fonce. Beaucoup de promeneurs et de coureurs (dossards verts) sur cette portion. Ils s’écartent plus ou moins facilement, mais ça passe. J’ai un gros km à faire pour monter jusqu’au sommet. Mais ça va le faire. Je connais par coeur ce passage.

Km 37.

Un orga m’annonce 9ème et me dit qu’il y a deux coureurs devant. Un pas très loin et un 7 à 10 minutes devant. Je cours à fond en montée. Il me dit que je peux le faire. Cela me chauffe grave.

Sur les crêtes cela se passe bien. J’essaie de ne pas me casser la gueule. Avec l’effort que je viens de faire je sue comme un boeuf. Heureusement, il y a pas mal de vent sur les crêtes, cela me rafraichit à fond.

W - Crêtes du mont d'or

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Fini les crêtes, on retourne vers le parking. Ca descend un peu. J’accélère. Je me dis que si je veux tenir mon TOP 10, je n’ai plus le choix. Et puis il ne reste plus que 7 km.

Km 38 – Ravito n°3.

Les supporters et passants m’applaudissent et me félicitent. Cela fait chaud au coeur (comme si j’avais besoin de chaleur à ce moment là ^^). Au ravito, je donne mes gourdes aux bénévoles. Cette fois-ci, j’ai le droit à deux jeunes femmes charmantes rien que pour moi. C’est limite du favoritisme ! Mais merci mesdames. Je repars, je ne veux pas perdre de temps.

Km 39 – 40.

Me voilà sur le chemin blanc des crêtes. Autant dire qu’à part le bois de Vincennes, c’est l’endroit que je connais le mieux. Je file. Pas de soucis physique. Je commence à lancer des cris de douleurs mentales, mais physiquement ça tient. J’ai de bonnes pointes de vitesse. Petit stand photo : FLASH.. Pas le temps de m’arrêter.. je continue.

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(Ps : Merci à l’organisation de course, pour la gratuité de la photo. C’est assez rare sur un trail pour le signaler).

Je n’ai pas tellement de choses à dire en plus. Je ne réalisais plus trop ce qu’il se passait pour moi à ce moment là. Sorry.

Km 41.

Arrivée à la retenue d’eau. Les salops ! Ils nous font faire le tour par la gauche ^^. Le soleil tape fort. J’hésite à aller prendre un peu d’eau pour me la passer sur la nuque. Pas le temps. Dommage.

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Maintenant, dernière montée avant la grande descente. Je double pas mal de trailers (dossards vert). J’en vois un qui semble pas au top. Il est arrêté. Je lui demande si c’est la cheville. Il me dit crampes. Je lui propose de l’eau.. il en a. Pas le temps niaisser. (Ps : J’écris à la vitesse à laquelle ça c’est passé réellement.. Pas plus de 2 secondes..).

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Ca monte sévère. Je commence à BEUGLER de douleurs internes. Il doit y avoir de la joie aussi dans tous ces cris. Je sais que je suis 8ième. Si je descends à fond, cela doit le faire.

Km 41,3.

Ayé. Je suis au sommet. C’est parti pour un 2,7 km de descente. Et puis de la vrai descente.. Tout ce que j’aime PAS.

Je commence par filer sur la familial. Si c’est ça jusqu’en bas, c’est cool. Dommage, les organisateurs ont préféré nous faire quitter la piste verte pour passer sur des pistes de VTT. Je commence à sacrément souffrir en descente avec les cailloux et les coups qu’ils procurent. Les genoux et les cuisses prennent chers ! Je crie. Mes aboiements ont au moins l’avantage de faire écarter les coureurs devant moi. Habile.

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En haut du mur de la Renversée, je repère un dossard rouge. Il semble bien crampé.

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Dans le monotrace qui descend le long du mur, je le double facilement… 7ième. C’est stylé ! J’y aurais jamais cru. Bon maintenant faut rien lâcher. Dans un tournant en S du monotrace, je repère au dessus de moi la jeune femme qui courait dans la montée de Piquemiette. Elle a envoyé du gros punaise ! Elle me donne envie d’accélérer.

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Copyright : Vidéo Trail du Mont D’Or – Betrained Production : https://vimeo.com/222307393

Km 43.

Fin du monotrace. Un dernier petit passage sur un chemin puis bitume. C’est simple, je suis en sprint total dans la descente.

Je vois l’arrivée se rapprocher.

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Copyright : Vidéo Trail du Mont D’Or – Betrained Production : https://vimeo.com/222307393

500 mètres.

400 mètres.

300 mètres. J’entre dans la station.

200 mètres. Les applaudissements commencent.

100 mètres. Ils retentissent.

50 mètres. Je l’ai fait putin !

4 mètres.. je prépare mon traditionnel 360.

3..2..1.. GROS 360 ! Et Biiiiiiiiiiiiiiiiiim c’est fait.

Petite crampe à la réception de mon 360. Je m’effondre. Je suis bien. C’est fait.

Une dame de l’organisation s’approche de moi pour me demander si ça va. Je lui réponds : Mieux que jamais !

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Distance : 44 km (sur le papier.. en vrai avec le petit détour : 47.8 km)

Dénivelé : 2245 m D+ (sur le papier.. en vrai avec le petit détour : 2397 m D+)

Temps de course : 05 h 04 min. 

Allure moyenne : 8.68 km/h. (ou 6 min 13 du km)

Classement général : 7ème au Scratch.

Classement dans ma catégorie (Senior Homme) : 5ème.

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Bon, bah.. 94 représente ! J’ai envie de dire ^^

Je suis très content de ma course. C’est la première fois que je me perds complètement sur un trail. J’ai la sensation d’avoir tout de même réussi quelque chose de fort pour moi. Mon premier TOP 10 sonne pour moi comme un merveilleux sentiment d’accomplissement. L’entrainement a enfin payé. Bon, je suis à deux places d’un podium. C’est pas grave. Ca me motive à revenir l’an prochain. Pour me consoler de n’avoir pu accrocher une troisième place dans ma catégorie, je croise Xavier Thévenard. J’ai beaucoup de respect pour le champion qu’il est. Je prends une petite photo avec lui, et je lui souhaite bonnes chances pour ces prochains défis. Un jour, on courra ensemble. Mais pas tout de suite, hein !

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Pour revenir sur le Trail du Mont D’Or, je dirai que c’est tout simplement, un trail fantastique. Le parcours est très varié : On y trouve des passages roulants qui permettent d’envoyer. Des monotraces très affutés. Des passages techniques comme les trailers aiment. Des bénévoles sympas, souriants et complètement au service des coureurs. Et surtout, un paysage magnifique. Le seul bémol que je peux prononcer concerne la distance. J’aurai bien aimé que cela soit un peu plus long. 44 km (bon 48 avec le petit détour ^^) c’est relativement court au final. Ca passe assez vite. Un format 70 ou 80 km pourrait être vraiment sympa. Et je le sais, dans le coin, il y a de quoi faire pour allonger la distance en faisant découvrir de fabuleux paysages. A ce moment de la saison, c’est en plus un format parfait pour se préparer aux grandes courses de la fin de l’été ;). Un conseil, et un seul : Venez le tester ! Vous ne le regretterez pas ! En tout cas, en ce qui me concerne, je pense revenir dès l’an prochain. Bon faudra que je nettoie mes pompes avant.

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C’était mon troisième trail de l’année (EcoTrail – Ardéchois – Trail du Mont d’Or). Maintenant j’ai devant moi deux gros défis : La CCC en septembre et la Diagonale des fous en Octobre. Il s’agirait de ne plus trop rigoler. Je vais me concentrer sur ces deux objectifs. Casquette verte sur la tête. En déléguant à mon corps quelques-unes des vertus les plus fortes de mon âme.

Bon en attendant, c’est parti pour la BOULIMIE post-rail et la récupération pendant deux jours.

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Casquettement verte. La bise !